Les services secrets sud-africains ont exigé le retrait d'un récent livre qui dénonce la corruption au sein du gouvernement du président Jacob Zuma, a annoncé vendredi la maison d'édition.
La maison Tafelberg "a reçu une lettre de l'agence de sécurité de l'Etat (SSA) demandant le retrait du livre et la suppression de plusieurs passages", a indiqué l'éditeur dans un communiqué.
En cas de refus, la SSA a menacé de saisir la justice.
"The President's Keepers" ("Les Gardiens du président"), écrit par le journaliste sud-africain d'investigation Jacques Pauw, détaille comment d'importantes sommes d'argent public ont été transférées sur les comptes bancaires de faux espions.
Le livre, sous-titré "Ceux qui maintiennent Zuma au pouvoir et loin de la prison", révèle aussi comment le président se débarrasse de ses adversaires pour rester au pouvoir.
Dans une lettre adressée à Tafelberg, la SSA affirme que le livre "regorge d'inexactitudes" et pourrait mettre en danger certains de ses agents.
Le livre reste en vente dans l'immédiat, a précisé un porte-parole de la maison d'édition, Jean Pieters.
La parution le 29 octobre de l'ouvrage intervient au moment où Jacob Zuma est empêtré dans des scandales de corruption.
La justice a récemment autorisé le parquet à relancer des poursuites pour corruption contre le chef d'Etat en marge d'un contrat d'armement. En 2016, un rapport de la médiatrice de la République avait aussi dénoncé sa collusion avec le richissime et sulfureuse famille d'hommes d'affaires Gupta.
L'administration fiscale sud-africaine a également annoncé avoir saisi la justice après la publication, dans le journal Sunday Times, d'un article basé sur le livre de Jacques Paw. Dans cet article, le patron du fisc, Dan Moyane, est accusé d'aider le président Zuma à échapper aux impôts.
Jeudi, M. Zuma a été interrogé au Parlement par des députés au sujet d'éventuels dons d'argent par des hommes d'affaires. Il a démenti toutes ces accusations.
Le deuxième et dernier mandat de M. Zuma s'achève en 2019 mais ses jours à la présidence sud-africaine pourraient s'abréger en fonction des résultats de la conférence de son parti, le Congrès national africain (ANC), prévue du 16 au 20 décembre.
L'ANC doit y élire celui ou celle qui le remplacera à sa tête.
Le président soutient la candidature de son ancienne épouse Nkosazana Dlamini-Zuma, face notamment au vice-président Cyril Ramaphosa.
Afrique du Sud: un livre explosif sur Zuma dans le collimateur des services secrets