Nous en savons maintenant davantage sur le déploiement massif des éléments des Forces de défense et sécurité ivoiriennes dans le département d'Agboville.
« Il faut sécuriser les récoltes de cacao, pour lequel l'argent a été déjà encaissé et dépensé par l’État de Côte d'Ivoire », a révélé un officier proche de l'opération '' Téré ''. Il a expliqué que les coupeurs de route et autres bandes armées perturbent énormément les actions des coopératives et des acheteurs de produits dans les villages et campements et que les acheteurs ont peur d'investir la zone d'Agboville, avec le risque de voir le cacao pourrir en brousse.
« Nous sommes en pleine campagne agricole, et le président Ouattara a opté pour la politique de vente anticipée du cacao », a fait remarquer l'officier venu d'Abidjan.
Il s'agit, en effet, du Droit unique de sortie (DUS), une taxe que l’État perçoit sur chaque kilogramme de cacao vendu. Une manne financière qui permet au pouvoir d'élargir ses marges de manœuvre quant on sait que la Côte d'Ivoire est première productrice mondiale de cacao, avec environ 1,2 ou 1,3 millions de tonnes par an. C'est pour sécuriser cette production et respecter ses engagements vis-à-vis des partenaires internationaux que le gouvernement a lancé cette opération. Celle-ci, en plus de traquer les bandits de grands chemins et les bandes armées qui sèment la mort dans la région, vise à rassurer les producteurs et les acheteurs.
Selon des indiscrétions, ce sont environ 200 militaires venus du Bataillon des Commandos Parachutistes (Bcp) de la gendarmerie d'Agban, de la marine nationale, des forces spéciales qui ont investi la zone. Ils viennent en renfort aux 400 éléments Frci présents dans le département depuis bientôt deux ans. « Nous allons écumer tous les sentiers des 104 villages du département », a souligné, avec un sourire en coin, l'officier. Approché pour en savoir plus sur l'opération '' 'Téré '', le colonel KKO du service Communication de l'armée ivoirienne s'est voulu très laconique. « Je ne peux vous en dire plus. Il s'agit de stratégies militaires et de toutes façons, vous n'y comprendrez rien », a lâché l'officier supérieur ivoirien.
Dans la soirée de jeudi à vendredi, un couvre-feu de fait avait été observé dans la ville d'Agboville, même si un communiqué émanant de la préfecture et lu sur les antennes de la radio locale par le sous-préfet Addoh Tanoh, se voulait rassurant. « Vaquez à vos occupations. Il ne s'agit nullement d'un couvre-feu. Les forces de défense et de sécurité présentes dans la ville ont une mission précise, dans le cadre de l'opération Téré. Traquer les coupeurs de route, les grands bandits, les agents déstabilisateurs et les barrages illégaux », a insisté le représentant du préfet, Bako Privat, en déplacement. L'autre fait, ce sont les nombreux départs vers les villages, constatés à la gare d'Attobrou, de Rubino, d'Ananguié.
Pour rappel, le chef d'Etat-major général adjoint des Forces républicaines de Côte d'Ivoire (Frci), chargé des opérations, le Général Touré Sékou, a procédé le jeudi 07 novembre, au lancement officiel de l'opération '' Téré '', depuis le camp militaire d'Agboville, situé dans un centre de formation réquisitionné depuis 2011. L'opération, selon plusieurs sources, concernent également toutes les zones forestières qui regorgent de richesses et sont infestées par des bandes armées.
Jean-Yves BOKA, Région Agnéby-Tiassa
Agboville / Sécurisation du pays: La vérité sur la vaste opération militaire - Photo à titre d'illustration