Agriculture: menace de fraude sur la commercialisation du cajou ivoirien

  • 28/02/2014
  • Source : La Lettre Diplomatique d'Abidjan
C’est le 5 mars prochain qu’une réunion se tiendra au Vietnam, entre les usiniers et acheteurs de la noix de cajou de ce pays et ceux de l’Inde pour la fixation du prix Fob sur le produit ivoirien. La nouvelle campagne nationale de commercialisation a été lancée par le ministère de l’Agriculture le 16 février dernier, avec une sévère mise en garde aux fraudeurs.

Avant son envol pour Paris, pour le Salon international de l’Agriculture, le conseiller du président des exportateurs Ivoiriens de la noix de cajou, Alex N’guettia Assouman a fait part de réelles inquiétudes du au fait que les exportateurs Ivoiriens n’ont pas à ce jour connaissance du prix de commercialisation à appliquer pour les exportations en direction de l’Inde et du Vietnam, les deux principaux acheteurs de la production ivoirien.
 
La faute aux exportateurs Ghanéens qui auraient rassuré Indiens et Vietnamiens sur l’approvisionnement de leurs marchés. Selon N’guettia Assouman les exportateurs Ghanéens rassureraient les acheteurs Indiens et Vietnamiens comptant sur la fraude, via la ville frontalière de Bondoukou. « Que ces acheteurs arrêtent de rêver, toutes les dispositions ont été prises conjointement avec les forces de l’ordre et les services douaniers des régions du Nord et de l’Est pour rendre hermétique les frontières et empêcher la fuite du produit ivoirien vers le Ghana », a-t-il assuré.
 
« On veut vendre notre produit mais il ne doit pas être un label ghanéen » a-t-il dit. « C’est au minimum 120 mille tonnes qui sortent par la route et les frontières de Bondoukou pour alimenter le marché ghanéen, au moins 20% de la production ghanéenne provient de notre pays, ce n’est pas acceptable » dénonce-t-il. Selon lui, le prix bord champ fixé à 225F/Kg est un « prix obligatoire car c’est le marché qui impose le prix sur la base de la qualité et de l’offre ».
 
« Les ghanéens ont intérêt à se rapprocher des exportateurs ivoiriens pour faire passer leurs achats par le port d’Abidjan mais face aux dispositions prises, ils manœuvrent dans l’ombre, nous les voyons », a-t-il prévenu. Les exportateurs Ghanéens voudraient faire flamber les prix d’achat afin de contraindre les producteurs à leur brader leurs produits.

« Nous les invitons à passer des contrats avec des acheteurs agréés en Côte d’Ivoire, que ce soit les exportateurs de la Guinée, du Burkina Faso ou du Ghana afin de créer des emplois et rapporter une plus-value aux caisses de l’Etat car les exportateurs Ivoiriens entendent défendre la politique du prix annoncé par le Chef de l’Etat, soit 60% du prix Caf au producteur » précise Alex N’guettia Assouman.
 
« Nous sommes d’accord pour une saine concurrence mais au profit de nos parents et de notre pays » avance-t-il. Le ministre Mamadou Sangafowa Coulibaly a donné les assurances quant à la sécurisation des frontières. Alex N’guettia voit en ce gage d’assurance, « le seul moyen pour la réussite de la campagne de commercialisation de la noix de cajou ivoirienne ».
 
En 2013, la Côte d’Ivoire a produit 550 000 tonnes de noix de cajou, exporté 430000tonnes et perdu du fait de la fraude vers le Ghana qui n’en produit que 40000 tonnes, 120 000 tonnes. « La sensibilisation porte déjà ses fruits »rassure Alex N’guettia Assouman, qui est par ailleurs responsable d’une société de commercialisation de la noix de cajou qu’il entend présenter au Salon de l’Agriculture de Paris qui se déroule jusqu’au 4 mars prochain.
 
Elisée Bolougbeu