En Algérie, le chef d'état-major appelle à l'application de l'article 102 de la Constitution, qui constate l'état d'empêchement du président. Une déclaration qui intervient après un mois de manifestations dans le pays et qui pourrait marquer un tournant dans le mouvement de protestation.
Le chef d’état-major a demandé cet après-midi l’application de l’article 102 de la Constitution algérienne. « Afin de preserver notre pays face à une situation dont on ne mesure pas les conséquences, il devient nécessaire, voire impératif d'adopter une solution pour sortir de la crise. Une solution qui s'inscrit exclusivement dans le cadre constitutionnel, qui constitue l'unique garantie pour la préservation d'une situation politique stable, a expliqué Ahmed Gaïd Salah. C'est dans ce cadre qu' il devient nécessaire, voire impératif d'adopter une solution qui répond aux revendications légitimes du peuple algérien (...). Une solution à même d'aboutir à un consensus de l'ensemble des visions, et faire l'unanimité de toutes les parties, à savoir la solution stipulée par la Constitution, dans son article 102 ».
Cet article prévoit qu’en cas de maladie grave ou durable du président de la République, si ce dernier est dans l’impossibilité totale de gouverner, alors le Conseil constitutionnel doit proposer au Parlement de déclarer l’état d’empêchement.
Garantir l’Etat
C’est alors le président du Conseil de la nation, l’équivalent du Sénat, qui prend les rênes du pays. Après 45 jours, si le président n’est pas en mesure de reprendre ses fonctions, le Parlement prononce l’état de vacance. Enfin, au bout de 90 jours, des élections doivent être organisées.
Le chef d’état-major a justifié cet appel par plusieurs raisons. Selon lui, les manifestations importantes qui ont lieu dans le pays depuis cinq semaines peuvent se transformer en une menace pour la stabilité. Il estime nécessaire et impératif d’adopter une solution pour sortir de la crise. Ensuite, il estime qu’il faut une solution qui s’appuie sur la Constitution et qui garantisse le maintien et la souveraineté de l’Etat.
Enfin, selon Ahmed Gaïd Salah, cette solution de l’état d’empêchement permettra d’aboutir à un consensus avec la société algérienne.
Un moyen de gagner du temps ?
Cette demande du chef d'état-major n'a pas tarder à faire réagir en Algérie, où Addad Hakim, le fondateur du RAJ, le Rassemblement action jeunesse, n'a pas tardé à dénoncer une supercherie.
« C'est une nouvelle supercherie, c'est une nouvelle manière pour eux de gagner du temps, pour le pouvoir dans son ensemble, s'est-il offusqué. C'est une procédure qui aurait pu être engagée avant même que monsieur Bouteflika ne se présente à un cinquième mandat. Donc c'est juste une manière de gagner du temps et de faire en sorte qu'ils trouvent une solution pour s'en sortir par le haut ».
Le président algérien Abdelaziz Bouteflika aux côtés de son chef d'état-major des armées, Ahmed Gaïd Salah, à Algers le 27 juin 2012. © REUTERS/Ramzi Boudina/File Photo