La présidentielle 2020 continue d’alimenter les débats au sein de la coalition des houphouëtistes (Rhdp). Ce, en dépit du fait qu’il a été demandé, selon le porte-parole du Pdci-Rda et du Rhdp, le ministre Kobenan Kouassi Adjoumani, de ne plus en parler en laissant ce sujet à la seule appréciation des Présidents Bédié et Ouattara.
Le Pdci-Rda bénéficiera-t-il du soutien du Rdr, le parti qu’il a soutenu au second tour de l’élection présidentielle en novembre 2010 et à l’élection présidentielle d’octobre 2015 pour la prochaine élection présidentielle de 2020 ? Pour l’heure, cette question semble irriter les militants et cadres du parti à la case verte. A divers niveaux, ils ne manquent pas de décrier ouvertement ou dans leur salon feutré l’appel de Daoukro et l’alternance 2020 respectivement lancé par le Président du Pdci-Rda, Henri Konan Bédié, à la veille de la Présidentielle 2015 et au premier anniversaire de l’Appel de Daoukro.
Ces différents appels, pour mémoire, s’inscrivaient dans le cadre du soutien du premier parti ivoirien au candidat du Rdr, Alassane Ouattara à la Présidentielle de 2015 pour son second mandat. Cela dans l’optique que le Rdr et les autres membres du Rhdp retournent l’ascenseur au Pdci à la Présidentielle de 2020. Mais aujourd’hui, le pouvoir qui semble ‘’enivré’’ les républicains, est en train de leur tourner la tête. Au point où, ils disent ne pas reconnaitre leur engagement pris officiellement lors de ces différents appels.
Ainsi, parler de l’alternance 2020 est comme si vous abordez un sujet hautement tabou au sein du Rhdp. C’est le Président Bédié et son cadet Ouattara qui seraient les mieux placés pour se prononcer sur la question. Quand ? Personne ne le sait. Pendant ce temps, les militants du Pdci-Rda piaffent d’impatience. Alors qu’au Rdr, des signes pour dire non au respect de cette alternance en faveur du Pdci-Rda sont patents. Amadou Gon l’actuel Premier ministre, ne démord pas. Quant à Guillaume Soro, en fin politicien, il continue de sonder le terrain.
La semaine dernière, un communiqué signé par son Directeur de cabinet, Daho Bakary et largement diffusé dans la presse est la preuve que le serpent refuse de mourir si tôt. D’ailleurs, que doit-on retenir de cette phrase « laissons à la destinée le destin » ? Les militants du Pdci-Rda doivent donc comprendre et se préparer au fait qu’en politique, tous les coups sont permis. C’est pourquoi, il faut savoir en donner quand il le faut.
Duncan le choix de Ouattara ?
Ce sera trop beau pour être vrai, à en croire certains militants du Rdr. Car pour ceux-ci, leur parti n’a pas mené le combat pour seulement 10 ans de pouvoir. Et donc ce sera une trahison, si leur mentor désignait un successeur en dehors du parti à la case pour lui succéder en 2020. Ce, en dépit de l’alliance entre le Rdr et le Pdci consolidée par l’appel de Daoukro et l’alternance 2020. Mais le Président Ouattara entend-il les choses de cette façon même s’il n’a pas manqué d’indiquer qu’au moment opportun, il choisira le meilleur.
Ce meilleur pour certains observateurs de la vie politique nationale, aurait été débusqué. Il s’agirait de l’actuel Vice-président ivoirien, Daniel Kablan Duncan, issu du Pdci-Rda, député de Grand-Bassam. Le Président Ouattara ne tarit pas d’éloges à son endroit. Les choses semblent militées en faveur de l’ex-Premier ministre ivoirien. Dans la mesure où cela fait plus de « quatre décennies » que le courant passe entre lui et Ouattara qui ont travaillé ensemble dans plusieurs institutions internationales ainsi qu’en Côte d’Ivoire.
Recevant les populations du Sud-Comoé le mardi 18 avril 2017 au Palais de la Présidence de la République d’Abidjan Plateau venus lui merci pour avoir nommé Duncan à la Vice-Présidence, il n’a pu cacher les raisons de son choix. « Il est un patriote, un homme loyal, compétent, un travailleur infatigable, un homme d’expérience, un grand serviteur de l’Etat et surtout une personne juste, humble, remplie de modestie et d’humilité », avait indiqué en substance le Président Ouattara.
Duncan est donc le collaborateur ‘’parfait’’ qu’il lui faut. Et si ces mots sont sincères, l’homme pour lui succéder n’est plus à rechercher. Car avec Duncan comme successeur, la Côte d’Ivoire est ‘’assurée’’, comme il l’a lui-même signifié aux populations du Sud-Comoé pour le poste de Vice-présidence. Ouattara est convaincu que Duncan, est un homme d’Etat qui aime profondément son pays en plus de ses autres qualités citées plus haut. Faut-il donc dire que Duncan est à 90% l’homme de Ouattara pour sa succession en 2020 ? Comme le disent les Anglais « wait and see ».
Ouattara peut-il trahir Bédié ?
Sur la question de l’alternance, tous s’accordent à dire au Rhdp et surtout au sein du Pdci et du Rdr, que la décision finale revient à Ouattara et à Bédié. S’agissant du Président du parti septuagénaire (Pdci-Rda), c’est sans commentaire. C’est le Pdci-Rda qui doit représenter le Rhdp à la prochaine élection présidentielle en Côte d’Ivoire. Car c’est le sens véritable de l’appel de Daoukro et l’Alternance 2020. La balle est donc dans le camp du chef de l’Etat dont le oui donnera quitus au Pdci-Rda de désigner le candidat idéal pour le Rhdp en 2020. Et Duncan étant en pôle- position sur la liste du Président Ouattara on peut donc dire qu’il n’a pas le choix. Même si Guillaume Soro et Gon Coulibaly semblent être en embuscade. Le Président Ouattara sera-t-il capable de trahir son aîné Henri Konan Bédié en choisissant un cadre en dehors du Pdci surtout après avoir fait les éloges de son ami et frère Kablan Duncan ? Dans tous les cas, le Pdci-Rda doit d’abord savoir compter sur lui-même s’il ne veut pas être désagréablement surpris.
Laure Gozo
Alternance 2020: Et si Ouattara avait déjà choisi son candidat