L’Organisation non gouvernementale internationale (ONG) Amnesty international a dans son rapport annuel de l’année 2016 regretté, mercredi, à Abidjan, l’absence de poursuite contre des membres des forces loyales au Président Alassane Ouattara qui se seraient rendus coupables de violences sur des personnes à Duekoué (2011) et sur le camp de Nahibly (2012) dans l’ouest ivoirien.
Selon ce rapport présenté par le Directeur exécutif d’Amnesty international Côte d’Ivoire, Delmas Hervé Kokou, « bien que le président Alassane Ouattara se soit engagé à faire en sorte que la justice soit rendue équitablement pendant son mandat, seules des personnes soupçonnées de soutenir Laurent Gbagbo (ex-chef de l’Etat) ont été jugées pour de graves atteintes aux droits humains commises pendant et après l’élection de 2010 ».
« En revanche, les membres des forces loyales au président Alassane Ouattara qui s’étaient rendus coupables de violences, notamment de l’homicide de plus de 800 personnes à Duékoué en avril 2011 et de 13 personnes dans un camp pour personnes déplacées à Nahibly en juillet 2012, n’ont pas été poursuivis. Certains d’entre eux ont pourtant été identifiés par des familles de victimes mais, malgré les enquêtes menées, personne n’avait été traduit en justice à la fin de l’année », regrette-t-il.
Par ailleurs, cette ONG internationale aborde les questions de la responsabilité des entreprises dans l’affaire du bateau Probo Koala en 2006 avec de « nombreuses victimes» et « la restriction de la liberté d’association».
Pour Amnesty international, poursuit M. Kokou, «les autorités ont restreint le droit à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique en vertu des lois, érigeant en infraction les manifestations pacifiques, entre autres formes d’expression non violente. Plus de 70 personnes, principalement membres de partis de l’opposition, ont été arrêtées puis libérées au bout de plusieurs heures, voire plusieurs jours».
Les conditions carcérales ont également été abordées dans ce rapport. Prenant l’exemple de la Maison d’arrêt et de Correction d’Abidjan (MACA), à en croire le mouvement de défense des droits humains, en 2016, « les autorités n’ont rien fait pour protéger les prisonniers de ces agissements et des autres atteintes à leurs droits fondamentaux ».
« En mars, l’administration pénitentiaire a déclaré que cet établissement surpeuplé, dont la capacité était de 1 500 détenus, en accueille en réalité 3 694. Des prisonniers ont indiqué qu’ils avaient dû payer des pots-de-vin allant jusqu’à 20 000 francs CFA (32 dollars des États-Unis) à des codétenus chargés de la sécurité intérieure afin de ne pas être placés dans des cellules immondes dont le sol était couvert d’eau et d’urine », accuse Amnesty International .
« Nous avons la possibilité de faire changer les choses. Chacune et chacun d’entre nous peut dénoncer, agir au niveau local, défendre la dignité et bâtir les fondations d’un monde de liberté et de justice. L’année 2017 a besoin de héros des Droits humains », a exhorté à son tour, Nathalie Kouakou , la Présidente d’Amnesty international –Côte d’Ivoire.
Le rapport annuel 2016 concerne 159 pays du monde. Ce sont au total 23 pays dans lesquels des crimes de guerre ont été commis, 36 qui ont renvoyé illégalement des réfugiés vers des pays où leurs droits étaient menacés et 22 pays dans lesquels des personnes ont été tuées pour avoir défendu pacifiquement les droits humains.
Photo d'archives à titre d'illustration:DR / le camp de Nahibly après l'incendie et le massacre