Amnesty International demande la libération d’Affi N’Guessan arrêté depuis le 6 novembre 2020 et détenu au secret.
Par ailleurs, Amnesty International a constaté l’arrestation de dizaines de membres de l’opposition en marge de l’élection, après que l’opposition a appelé à la désobéissance civile, à boycotter le scrutin, à créer un Conseil national de transition et à rejeter la réélection du président Alassane Ouattara.
Le leader de l’opposition Pascal Affi N’Guessan a été arrêté dans la nuit du 6 novembre et détenu au secret jusqu’au 9 novembre. Durant ces quelques jours, il n’a pas pu communiquer avec sa famille ni son avocat. Pascal Affi N’Guessan a affirmé qu’il n’avait pas vu la lumière du jour pendant 60 heures. Il est visé par 30 chefs d’accusation, notamment « attaque et complot contre l’autorité de l’État, assassinat et actes de terrorisme ». Son avocat n’a réussi à le voir que lors de sa comparution devant le juge le 9 novembre. Depuis, ni son avocat ni sa famille n’ont pu entrer en contact avec lui. Il est pour l’instant impossible de confirmer le lieu où se trouve Pascal Affi N’Guessan. Les autorités doivent lui permettre de communiquer avec son avocat.
Le 3 novembre, 21 personnes ont été arrêtées de manière arbitraire au domicile du leader de l’opposition Henri Konan Bédié. Cinq se trouvent toujours en détention ; il s’agit de Maurice Guikahué, numéro deux du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), des sénateurs Seri Bi N’Guessan et Bassy Koffi Bernard, et de Narcisse N’dri Kouadio, directeur de cabinet d’Henri Konan Bédié. Ils ont à répondre de 16 chefs d’inculpation, notamment d’« attaque et complot contre l’autorité de l’État ». Les forces de sécurité sont toujours postées autour des domiciles de l’ancien ministre Hubert Oulaye et de Pascal Affi N’Guessan, et personne ne peut y entrer ni en sortir. Amnesty International estime qu’il s’agit d’une restriction arbitraire du droit de circuler librement de toutes les personnes se trouvant à l’intérieur de ces bâtiments.
Cette vague d’arrestations d’opposant·e·s politiques fait suite à une autre série d’arrestations un peu plus tôt cette année. En août, Amnesty International a signalé une vague d’arrestations visant des dissident·e·s politiques. Entre le 13 août et le 25 octobre, au moins 41 personnes ont été interpellées à Abidjan, Korogho, Toumodi et Alepe pendant qu’elles manifestaient ou après avoir appelé à manifester. Il s’agit entre autres de cinq membres du parti d’opposition GPS, arrêtés le 13 août alors qu’ils se rendaient à une manifestation, et de Pulchérie Edith Gbalet, coordinatrice de l’ONG Alternatives Citoyennes (ACI), interpellée le 15 août à l’hôtel où elle était descendue avec deux collègues après avoir appelé la population à manifester contre un troisième mandat d’Alassane Ouattara.
« La répression croissante visant les leaders de l’opposition et les détracteurs du gouvernement constitue une offensive contre les droits humains. Les autorités ivoiriennes doivent rétablir le droit de circuler librement des personnes se trouvant aux domiciles des leaders de l’opposition en mettant fin à la mission des forces de sécurité qui y sont stationnées, a déclaré Samira Daoud.
« Elles doivent libérer immédiatement et sans condition Pascal Affi N’Guessan et toutes les personnes détenues uniquement pour avoir exercé leurs droits fondamentaux. Enfin, elles doivent s’engager à créer un espace où les citoyen·ne·s peuvent exprimer librement leurs opinions et manifester pacifiquement, sans crainte d’être arrêtés, agressés ou tués. »
Le 9 novembre 2020, le Conseil Constitutionnel de Côte d’Ivoire a validé l’élection du président Alassane Ouattara au premier tour, au lendemain du scrutin présidentiel du 31 octobre. Les violences post-électorales font suite à de précédents épisodes houleux depuis qu’Alassane Ouattara a annoncé sa candidature à l’élection présidentielle. En août, Amnesty International a dénoncé le fait que la police a laissé des hommes armés de machettes attaquer des manifestants le 13 août dans le quartier de Yopougon, à Abidjan. Entre le 19 et le 21 octobre, à Dabou, des heurts entre sympathisants du parti au pouvoir et de partis de l’opposition se sont soldés par 16 morts et 67 blessés.
Le 11 novembre, le président Alassane Ouattara a rencontré Henri Konan Bédié à Abidjan. D’après les médias, Alassane Ouattara a déclaré qu’ils allaient œuvrer pour la paix, ajoutant que cet entretien avait permis de « briser le mur de glace et rétablir la confiance ».
Amnesty International exige la libération immédiatement Affi N’Guessan - Photo à titre d'illustration