Un déjeûner en l’honneur des femmes récemment élues aux élections régionales, municipales et législatives, est prévu aujourd’hui, à l’auditorium de la Caistab au Plateau.
A quoi répond cette nouvelle célébration des femmes en dehors des journées statutaires comme la Journée internationale de la femme ?
C’est un déjeuner d’échanges qui s’inscrit dans le cadre de notre stratégie en vue d’une meilleure représentativité des femmes à tous les niveaux décisionnels. Seront donc à l’honneur, les femmes nouvellement élues maires et présidente du Conseil régional. C’est pour nous l’occasion de les féliciter, mais en même temps de mettre en place autour d’elles une solidarité. Nous ne sommes pas nombreuses, mais chaque fois que nous avons une responsabilité, nous devons mettre tout en œuvre pour être les meilleures.
Vous les mettrez donc face à leurs responsabilités d’ambassadrices de la promotion du genre.
Absolument. Il faudrait qu’au terme de leur mandat, les populations s’accordent à dire que les femmes gèrent mieux. Avec les femmes on a des résultats probants, perceptibles. Il faut que les populations disent nous voulons désormais des femmes, parce qu’avec elles, on a des résultats. Voilà l’objectif recherché.
Elles sont certes élues mais elles n’ont pas toutes les mêmes moyens pour conduire leur mission ; quels moyens allez-vous mettre à leur disposition pour réussir leurs mandats ?
Nous proposons mieux. Nous proposons un programme de coaching avec ces femmes. Ce qui va leur permettre de rechercher et trouver elles-mêmes des moyens de leurs politiques. Mieux, ces femmes pourront mettre à profit les moyens mis à leurs dispositions à travers des projets pertinents. Grâce à ce coaching, elles auront donc la possibilité et l’opportunité de mieux gérer ces moyens-là. En gérant bien, on réalise plusieurs projets avec peu de moyens mais aussi, on arrive à capter les ressources nouvelles pour améliorer ses activités. Naturellement, nous pourrons les accompagner dans le cadre de l’exercice de nos missions sur tout ce qui concerne les questions de solidarité de famille, de femmes et d’enfants comme nous le ferons pour toutes les localités de Côte d’Ivoire. Je pense que les localités de ces femmes sont une priorité parce qu’elles ont besoin aujourd’hui d’être les porte-flambeaux.
Quel sera le programme de cette journée?
Il s’agit d’un déjeuner au cours duquel nous aurons l’occasion de présenter les grands axes de notre département à toutes ces femmes élues. Nous leur présenterons également la situation de la femme en Côte d’Ivoire. Ainsi que les possibilités qu’elles ont, en tant que femmes nouvellement élues d’améliorer les conditions de vie de leurs concitoyens. A cette occasion, nous allons également leur permettre d’inviter certaines personnes qui, pour nous, sont importantes et œuvrent à influencer l’opinion des hommes. Les femmes veulent, avec les hommes, contribuer au développement du pays en apportant leur savoir-faire et expérience. Notre invité d’honneur, Madani Tall, directeur des opérations de la Banque mondiale en Côte d’Ivoire. Récemment, il a posé un acte majeur qui nous a rassurées. Il a initié des consultations sur le genre dans le pays. Les résultats de ces consultations nous permettront de booster l’action de la prise en compte du genre dans le cadre général de la politique que nous menons. C’est un signal très fort. Ce qui veut dire que la Banque mondiale est très regardante sur la présence de la femme dans l’activité politique, administrative, socioéconomique. L’émergence ne saurait se faire sans tenir compte de la femme.
Quelle est donc la situation de la femme en Côte d’Ivoire?
La situation évolue bien parce que la volonté politique, qui est un élément indispensable et le préalable est franchement affirmée. Et le Président de la République ne cesse de le dire, il l’a même manifesté récemment à l’occasion de sa visite d’Etat à Man. Il a affiché sa déception quant au faible taux de femmes élues maires. Toutes les propositions et les stratégies en vue d’une meilleure représentativité des femmes sont partagées par le Président de la République. Aujourd’hui, avec le ministre de la Fonction publique et de la Réforme administrative, nous avons réussi à élaborer un fichier où nous avons une rubrique complète de toutes les femmes avec tous leurs grades. Ce qui nous permettra de les proposer toutes à des postes de responsabilité. Un comité interministériel composé du ministère de la Fonction publique et de la Réforme administrative et celui en charge de la femme a été mis en place et nos services informatiques ont désormais accès à ce fichier. Nous avons également la loi sur le mariage qui consacre véritablement l’égalité du genre. Ce qui est important à savoir, c’est qu’il s’agit d’inscrire l’homme et la femme dans une dynamique en droit et en devoir. Désormais, l’homme ne sera plus le seul responsable de la famille. La femme également est mise à contribution. Aujourd’hui, l’Etat estime que l’épouse devra contribuer aux charges de la famille en fonction de ses capacités aux cotés de son époux. Cette réforme oblige les époux à un consensus.
Qu’en est-il du Compendium?
Aujourd’hui, la Côte d’Ivoire dispose d’un répertoire important des femmes de toutes les couches de la société allant du milieu rural au sommet de l’Etat. Ce compendium permettra à toutes les femmes compétentes, dans leur domaine d’activité: vivrier, tous les secteurs agricoles possibles, de l’informel, des femmes d’affaires, etc, de se faire connaître. C’est un vivier que nous offrons aux décideurs afin que partout, les femmes aient des chances d’accéder à des nominations au même titre que l’homme. Nous avons des discussions en vue de rendre applicables les dispositions de la Constitution qui consacrent le principe de l’égalité entre l’homme et la femme. Certains parlent de quota et d’autres de parité. Peu importe, pour nous, c’est d’atteindre cette parité.
Dans le cadre de la stratégie de lutte contre les violences basées sur le genre, la femme se trouve également protégée au nom donc de cette égalité. Ces violences marginalisent la femme, la discriminent. La stratégie adoptée par le gouvernement va protéger davantage la femme. Dans le cadre de l’éducation de la jeune fille, des dispositions ont aussi été prises afin qu’elle puisse avoir accès à l’éducation et achever ses études. Ce sont des avancées qui nous permettront de réparer certains déficits. L’objectif est de faire en sorte que partout, hommes et femmes puissent avoir les mêmes chances en matière d’insertion socioprofessionnelle dans tous les corps de métiers.
Entretien réalisé par
Germaine Boni
Anne-Ouloto : “ L’objectif, c’est d’atteindre la parité ” - Photo à titre d'illustration