Il y a à peu près deux semaines, le Congrès panafricain pour la justice et l’égalité des peuples (COJEP) commémorait, au Baron de Yopougon, devant les dirigeants du Front populaire ivoirien (FPI) et des disciples de Laurent Gbagbo, l’an un de l’arrestation et la détention de son leader, Charles Blé Goudé.
En effet, depuis que l'ex-leader de la galaxie patriotique est emprisonné, tous les mouvements patriotiques dont la Coalition de la jeunesse patriotique pour la paix et la réconciliation (CJPPR) de Zady Djédjé, n’ont jamais cessé de réclamer sa libération.
Aujourd’hui, l’on en sait un peu plus sur les raisons, au moins une de son maintien en prison. Selon des indiscrétions dans l’entourage des geôliers de Charles Blé Goudé, le régime aurait la crainte qu’une fois dehors, le « général de la rue » ait l’envie de ramer à contre-courant de la réconciliation ou entraver ses efforts pour le retour des exilés.
En effet, comme cela a été le cas pour les cadres du FPI qui étaient en prison, des négociations sont en cours pour la libération de l’ex-ministre de la Jeunesse de Laurent Gbagbo. Mais, les assurances quant à son entière disposition à travailler dans le sens souhaité ne sont pas encore obtenues.
Du coup, Charles Blé Goudé est gardé en prison. Au-delà de la question de sa sécurité, le régime du président Ouattara souhaite une franche collaboration du leader de la jeunesse patriotique proche de Laurent Gbagbo. Dribblé par Pascal Affi N’guessan et les leaders du FPI sortis de prison après deux ans de détention, Alassane Ouattara et son équipe se méfient désormais.
A en croire notre source, pour obtenir leur libération, les cadres du parti de Laurent Gbagbo avec à leur tête Affi N’guessan, auraient donné des assurances au pouvoir en place, notamment qu’ils travailleraient à travers leurs actions et leurs discours à la réconciliation et surtout à l’apaisement. Mais une fois dehors, nous révèle notre informateur, le président du FPI et ses collaborateurs sont devenus plus offensifs, plus incisifs. Ils annoncent des manifestations de masse, lancent des ultimatums, etc.
Le pouvoir se sentirait trahi par ceux qui lui avaient donné les assurances et donc aurait décidé de ne plus se laisser berner par les promesses des prisonniers politiques qui réclament la liberté. En tout cas, pour l’opposition et les proches de l’ancien président, la libération sans condition des prisonniers dont Simone Gbagbo et Charles Blé Goudé contribuerait à ramener la paix et consolider la réconciliation qui a du mal à prendre forme dans une Côte d’Ivoire encore divisée.
Hervé KPODION
Après 12 mois de détention : Pourquoi Ouattara hésite à libérer Blé Goudé - Photo à titre d'illustration