Après Gbagbo, Simone et Blé Goudé : La Cpi prépare de nouveaux mandats d'arrêt

  • 14/12/2013
  • Source : L'Inter
Les autres acteurs politiques et militaires ivoiriens dans le viseur de la Cour pénale internationale( Cpi) pourraient avoir le sommeil troublé à compter de ce jour. Du moins si l'on s'en tient à la mise au point faite hier, vendredi 13 décembre, par le Bureau de la procureure de la Cpi, Fatou Bensouda.

Dans un document produit hier, la Cour s'est engagée à aller jusqu'au bout des investigations en cours dans le cadre du dossier ivoirien et à émettre de nouveaux mandats d'arrêt. A la vérité, cette mise au point du Bureau du procureur fait suite au récent séjour en terre ivoirienne d'une délégation de la Cpi, conduite par son porte-parole Fadi Abdallah.
 
A cette occasion, celui-ci et sa collaboratrice de la communication, Caroline Maurel avaient eu une rencontre avec la presse au cours de laquelle la quasi-totalité des intervenants les ont interpellés sur le caractère partial ou du moins sélectif des poursuites engagées par la Cpi dans le cadre du dossier ivoirien. Ces émissaires de la Cpi s'étaient démenés comme ils pouvaient pour rassurer leurs interlocuteurs sur le caractère non partisan et apolitique de cette juridiction internationale.

Le communiqué rendu public hier apparaît comme un prolongement des explications données à Abidjan à ceux qui croient encore que la Cpi fait le jeu du camp des vainqueurs contre celui des défaits, c'est-à-dire des pro-Gbagbo. Des extraits de ce texte, rapportés par un site d'information, inclinent à penser qu'il s'agit pour la procureure Fatou Bensouda de rassurer les pro-Gbagbo quant à sa volonté de poursuivre d'autres acteurs politiques ou militaires ivoiriens, de quelque bord qu'ils soient. Elle assure que les enquêtes ouvertes sur d'autres pans des crises successives qu'a connues la Côte d'Ivoire se poursuivent et promet d'émettre de nouveaux mandats une fois qu'elle aura rassemblé des preuves.

« Lorsque ce travail sera achevé et que les preuves recueillies par mon Bureau nous permettrons de demander des mandats d’arrêt et l’arrestation et la remise aux juges de la Cour d'un ou plusieurs autres suspects - peu importe leur nom, leur rang, leur parti politique, ou n'importe quelle autre considération - le gouvernement ivoirien devra respecter ses obligations et remettre cette ou ces personnes à la Cour pour qu'elle(s) réponde(nt) de ces accusations devant la justice», écrit en effet le Bureau du procureur.
 
Ces propos, empreints de mise en garde, montrent, s'il en est encore besoin, que la Cpi n'entend pas tremper dans quelque combine politique que ce soit, comme l'avait du reste juré son porte-parole Fadi Abdallah, de passage à Abidjan. Et comme pour dissiper le doute de ceux qui, comme les pro-Gbagbo, doutent de sa crédibilité, la Cpi croit devoir donner des gages de sa bonne foi : « Le Bureau du Procureur de la Cour pénale internationale (CPI) est conscient de l’importance qu’attache l’ensemble du peuple ivoirien à ce que justice soit faite pour tous les crimes commis lors de la violence post-électorale de 2010/2011 et même auparavant, depuis septembre 2002 », déclare Fatou Bensouda, avant d'ajouter : « Le mandat du Bureau du Procureur de la CPI est d’enquêter sur les crimes commis par toutes les parties dans une situation donnée, et d’amener en justice ceux qu’il identifie comme étant les plus hauts responsables de ces crimes.
 
Le Bureau du Procureur attache la même importance à la poursuite des plus hauts responsables de ces crimes d’où qu’ils viennent et poursuit ses enquêtes en Côte d’Ivoire avec cet objectif, en toute objectivité, impartialité et indépendance et dans le strict respect de la loi ». Et de faire cette autre précision : « Le Bureau du Procureur de la CPI est une institution judiciaire, guidée uniquement par les preuves et par la loi.
 
Nous ne cherchons pas à établir la responsabilité politique, nous cherchons à établir la responsabilité criminelle d'individus pour les crimes les plus graves. Nous enquêtons et poursuivons selon les preuves que nous récoltons, de façon impartiale et indépendante. Nos enquêtes en Côte d'Ivoire se poursuivent. »
 
Assane NIADA