Les résultats des élections couplées, municipales et régionales du samedi 13 octobre 2018 sont connus, à l’exception de ceux de deux localités : Port-Bouët et Facobly. La coalition du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp) du chef de l’État, Alassane Ouattara, s’est taillée la part du lion, avec 92 mairies contre 56 pour les indépendants, 50 en faveur du Pdci-Rda et 2 pour le Front populaire ivoirien (Fpi) de Pascal Affi N’Guessan.
Au niveau des régionales, le Rhdp arrive en tête avec 18 sur 31 régionales, 6 pour le Pdci-Rda, 2 en faveur du Rhdp-Pdci, 3 indépendants et 1 pour le Fpi. 2 038 466 électeurs ont voté aux régionales sur 4 397 006 inscrits pendant que 1 564 671 électeurs se sont rendus aux urnes aux municipales, sur 4 321 817 inscrits, selon les statistiques données par la Commission électorale indépendante (Cei). Ces élections locales, qui n’ont pas attiré les foules dans les bureaux de vote partout en Côte d’Ivoire, et où plus de quatre (4) millions d’Ivoiriens étaient appelés à voter, ont été marquées par des violences faisant officiellement 5 morts, des incidents techniques, des pressions diverses et autres tentatives de braquage du matériel électoral. Ces deux scrutins étaient annoncés comme à risques, ce d’autant qu’ils se sont déroulés dans un climat de guerre entre la majorité présidentielle (Rhdp unifié) qui regroupe 4 formations politiques (Rdr, Udpci, Mfa, Pit, Upci) et le seul Pdci-Rda.
En toile de fond, mesurer les forces en présence avant la présidentielle de 2020. C’était le principal enjeu. Le parti de Bédié, amputé de certains de ses ténors ainsi que des indépendants sortis massivement de ses rangs, n’a pas fait piètre score, loin s’en faut, face à la coalition du Rhdp avec tout son arsenal financier et matériel… Le Pdci-Rda, en congrès extraordinaire le lundi 15 octobre 2018 à Daoukro, par la voix de son président, Henri Konan Bédié, a «dénoncé les violences, le braquage et les tentatives d’inversion des résultats ». Henri Konan Bédié s’est dit, par ailleurs, outré et « étonné de l’immixtion du chef de l’État (Alassane Ouattara) dans les décisions de proclamation des résultats », stigmatisant au passage, « les tentatives de déstabilisation et de liquidation du Pdci-Rda ». A l’arrivée, le moins que l’on puise dire, c’est que les observateurs notent une victoire à la Pyrrhus du parti d’Alassane Ouattara, c’est-à-dire, une victoire difficile et très chèrement acquise.
S’il est vrai que le Rhdp arrive en tête dans ces deux scrutins avec notamment 46 % aux municipales et 60 % aux régionales, il reste que des candidats de gros calibre, issus de ce groupement politique que dirige le chef de l’État, ont mordu la poussière dans des localités densément peuplées, au point que numériquement, en terme de suffrages exprimés, le Pdci-Rda fait quasiment jeu égal avec le Rhdp.
Au niveau des régionales, les candidats indépendants sortis vainqueurs des urnes, notamment Abinan Kouakou Pascal (Indénié-Djuablin), Koffi N’Guessan dit Lataille ( N’Zi) et Zamblé Bi Zahouri ( Marahoué) sont notoirement connus comme cadres du Pdci-Rda. A ceux-là, il faut ajouter Alain-Richard Donwahi (Nawa) et Patrick Achi ( La Mé). Parmi les indépendants victorieux, le Mfa d’Azoumana Moutaye revendique deux localités…
Sérieux avertissements.
Les victoires écrasantes du Pdci, concernant les municipales, dans les communes de Cocody, Plateau, Marcory, Yamoussoukro, Bloléquin, Agboville, Toumodi, Toulépleu, Songon, dans le Gbêkê ( Diabo, Bouaké, Béoumi, Sakassou, Brobo, Djèbonoua), Grand-Lahou, Daoukro, Ouellé, Abengourou, Agnibilekrou, Adzopé, M’Bahiakro, Alepé, Soubré, Buyo, Grand-Bereby, Aboisso, Grand-Bassam, Tiapoum, Oumé, Katiola, ainsi que dans le Bélier, l’Iffou, le Folon, La Mé, la Nawa, au niveau des régionales, sont assez illustratives de son ancrage national et de son poids sociologique en Côte d’Ivoire. Ces succès du parti de Bédié, désormais dans l’opposition, sonnent, dès lors, plus que de sérieux avertissements, mais comme des signaux inquiétants qui doivent faire réfléchir le Rhdp sur le danger qui le guette dans la perspective des présidentielles de 2020.
Le Rhdp a beau se proclamer « poids lourds » au sortir de ces scrutins couplés, il devrait cependant avoir le triomphe modeste voire de la retenue, sans verser dans un excès de confiance… Car, certaines communes et régions raflées par le Pdci-Rda et des indépendants sortis de ses rangs tels que Koffi N’Guessan dit Lataille dans le N’Zi n’ont pas le même poids électoral que celles remportées par la coalition du Rhdp. C’est vrai que le Rhdp, dont le Rdr reste la principale force politique, a fait un raz-de-marée dans les localités de petites tailles au nord, notamment à Tafiré ( 23 365 habitants), Kani (29 190 habitants), Massala ( 23 021 habitants), Kounahiri ( 42 037 habitants) , Foumbolo ( 18 808 habitants), Niellé ( 29 022 habitants), Morondo ( 15 753 habitants), Kolia (24 848 habitants), Kouto (37 060 habitants), Doropo, Dianra, Sarhala, Dioulatiédougou, 427 voix; Fronan, 847 voix; Goulia 582 voix; Morondo, 581 voix; Massala, 866 voix… etc.... Mais celles-ci, en terme de suffrages, sont loin d’avoir un retentissant national aussi percutant par rapport aux succès obtenus par le Pdci à Cocody ( 447 055 habitants), Marcory ( 249 858 habitants), Yamoussoukro (212 670 habitants), Arrah ( 500 000 habitants), Bouaké ( 536 719 habitants), Adzopé ( 98 846 habitants), Duékoué ( 408 148 habitants), Aboisso ( 86 115 habitants), Daoukro ( 73 134 habitants), Dabou ( 88 430 habitants) ou encore Agnibilekrou (69 174 habitants), Toumodi ( 94 525 habitants), Bonoua ( 69 983 habitants).....
Après les municipales et régionales : Voici pourquoi le Rhdp doit craindre le Pdci-Rda - Photo à titre d'illustration