La récente visite effectuée à Toumodi par le ministre auprès du président de la République chargé de la Défense, Paul Koffi Koffi, bien accueillie par les populations, a cependant suscité quelques réactions dans les rangs des chasseurs traditionnels appelés dozos.
Ceux-ci ont interpellé le premier responsable de la défense, hier mardi 24 septembre 2013, sur certaines décisions prises et des propos tenus à leur encontre.
Lamoussa Diabaté de la confrérie des dozo de Côte d'Ivoire (Codozci), a souhaité que le gouvernement mette un peu d'eau dans son vin, les concernant. « Nous sommes d'accord avec la décision du ministre dont nous avons très bien apprécié la venue ici chez nous. Aujourd'hui, tout le monde travaille pour le pays, pour le gouvernement. Et donc nous sommes prêts à suivre la loi parce que sans la loi dans un pays, il se crée le désordre et nous ne voulons pas en être à la base.
Cependant, je voudrais rappeler que le ministre de la Défense est allé un peu trop vite en ce qui concerne notre éventuel retour à la vie civile. Parce que des gens qui ont fait la guerre, on ne les chasse pas comme ça. Surtout qu'il a reconnu, lui-même, notre importance pendant ces périodes de crise en Côte d'Ivoire. A travers lui, c'est tout le gouvernement, ainsi que le pays tout entier qui le reconnaissent. Je pense que nous savons que nous sommes des chasseurs mais il faut pouvoir les amadouer un peu, surtout que les dozo ont un statut. La question de sécurité n'est pas seulement théorique mais pratique et même au-delà. Les dozo ont fait leur preuve dans ce sens », a-t-il déclaré.
Revenant sur les récentes attaques qui ont eu lieu à Yamoussoukro, contre les forces de l'ordre, le président de la section de la Codozci de Toumodi a fait remarquer que cette situation ne peut pas être mise à l'actif des vrais dozo. En effet, selon lui, l'instruction reçue par les chasseurs traditionnels dans leur région ne les autorise pas à affronter des forces de sécurité. « Vous savez, aujourd'hui, n'importe qui peut s'habiller en tenue dozo pour commettre des crimes. Tout comme n'importe qui peut se mettre en tenue de gendarmes, policiers ou FRCI pour attaquer.
Ceux qui ont attaqué les forces de sécurité à Yamoussoukro ne sont pas des dozo mais plutôt des bandits déguisés. La formation des dozo est comme celle du Poro au nord, elle a des règles précises », a insisté Lamoussa Diabaté. Poursuivant, il a encouragé ses confrères à mieux s'organiser pour mieux maîtriser les mouvements de chaque membre de la confrérie.
A l'en croire, le désordre vient du fait que les dozo ne sont pas encore bien organisés. « Avec deux groupes de dozo, c'est-à-dire le Benkadi du président Bamba et la confrérie des dozo de Côte d'Ivoire (Codozci), dirigée par le président Touré Lamine, il est difficile de maîtriser les choses et donc, il faut faire en sorte de former un seul groupe. Cela est possible puisqu'au niveau de Toumodi, nous avons réussi à faire la paix entre nous afin de collaborer franchement. Nous travaillons ensemble, donc c'est possible au plan national. C'est pourquoi, nous sommes d'accord avec le Vandogou, le seul groupe que le ministre de l'Intérieur et de la sécurité, Hamed Bakayoko, est en train de mettre en place. Il faut que tous les dozo acceptent de faire partie de ce seul groupe », a-t-il indiqué.
Gnandé TIA
Correspondant régional
Après sa mise en garde, des dozos au ministre de la Défense : « On ne chasse pas des gens qui ont fait la guerre comme ça » - Photo à titre d'illustration