L’arrivée du Président Alassane Ouattara, hier, dans la capitale du Gbêkê ressemblait bien à une démonstration de force. Et, ceux qui ont parié sur une faible mobilisation des populations de Bouaké sont petits dans leurs souliers.
Comme un seul homme, sans distinction d’origine ou de parti politique, les habitants de Bouaké sont sortis massivement pour accueillir le premier magistrat du pays. Dès 10 heures, ceux qui voulaient être au premier rang pour mieux voir l’illustre hôte avaient commencé à occuper les principales artères de la ville. A la mi-journée, la mobilisation commençait à atteindre son paroxysme.
Les établissements d’enseignement avaient libéré les élèves. Pareil pour les administrations et les petites et moyennes entreprises implantées dans la capitale de la Paix. Dans les buvettes, les maquis et autres espaces de restauration, les fêtards en rajoutaient à leur manière à l’ambiance festive qui s’est emparée de Bouaké. Aux environs de 14 heures, impossible pour ceux qui s’y sont pris tardivement d’emprunter la route de l’aéroport de la ville, pour voir l’avion transportant Alassane Ouattara atterrir. Les forces de l’ordre veillaient au grain.
Même après avoir montré pattes blanches, il fallait convaincre un commandant Chérif Ousmane, intraitable, pour franchir le cordon de sécurité qui donne sur la route de l’aéroport. Mais déterminés et jamais découragés par les tentatives précédentes qui se sont avérées infructueuses, les jeunes de l’ancien fief des ex-Forces nouvelles, à moto, utilisaient toutes sortes de ruses pour passer entre les mailles du filet. Ils voulaient être plus proches du centre d’attraction pour voir leur ADO. Sur place à l’aéroport, le soleil de plomb n’a pas découragé les cadres, élus et autorités traditionnelles et religieuses, venus souhaiter la bonne arrivée au président de la République. Pareil pour les hommes de médias qui, comme à l’accoutumée, se jouent des coudes pour être des témoins privilégiés de la venue du chef de l’Etat dans la région du Gbêkê.
Après l’atterrissage de l’appareil qui le transporte, Alassane Ouattara salue les personnalités comprenant les membres du gouvernement, des députés, des maires, des guides religieux… M. Ouattara fait une brève adresse à la presse, avant de s’engouffrer dans une rutilante, de marque américaine. Il quitte l’aéroport pour la résidence d’Etat. «Je voudrais remercier chacun et chacune pour cet accueil chaleureux qui m’a été réservé», confie Alassane Ouattara qui n’a pourtant encore rien vu. La foule qui l’attend en dehors de la plateforme aéroportuaire est encore plus impressionnante. Tout naturellement, le trajet de quelques kilomètres seulement s’avère donc plus long que prévu.
En effet, après l’Akwaba des autorités municipale et coutumière, à l’entrée de la ville où une magnifique haie d’honneur a été dressée, le cortège de M. Ouattara, accompagné de son épouse, Dominique, est obligé de se frayer un chemin entre la foule compacte venue acclamer le couple présidentiel. Le cortège d’une cinquantaine de véhicules est obligé de rouler à pas de tortue pour éviter de renverser les motocyclistes et les populations amassées aux abords de la voie qui part de l’aéroport au centre-ville. «Quel bain de foule ! Alassane Ouattara est un mobilisateur exceptionnel, c’est un grand rassembleur», murmure R.K, enseignant vacataire dans un établissement d’enseignement technique. «On se croirait en pleine campagne d’une élection présidentielle. Depuis le passage de l’actuel président de la République, alors candidat du Rdr (Rassemblement des républicains, ndlr), je n’ai plus vu pareille mobilisation. Les gens avaient quelques craintes liées à l’opération de déguerpissement des sites publics qui provoque des mécontentements. Mais les populations sont sorties massivement», ajoute-t-il à son commentaire.
Aujourd’hui, après le conseil des ministres, précédé d’un tête-à-tête avec le chef du gouvernement, Daniel Kablan Duncan, Alassane Ouattara et sa délégation se rendront à Sakassou pour un meeting et pour la remise des clés du tribunal de ce département.
Marc Dossa, envoyé spécial à Bouaké
Arrivé hier dans le Gbêkê : Ouattara comme en campagne à Bouaké / Depuis hier après-midi, le cœur de Bouaké ne bat que pour Alassane Ouattara. - Photo à titre d'illustration