De nombreux élèves libanais ont été traumatisés lundi matin par l'irruption violente de manifestants et de casseurs dans plusieurs établissements scolaires privés à Abidjan, en Côte d'Ivoire, alors qu'une grève générale des fonctionnaires touche le pays depuis une semaine.
« Mes enfants vont bien, mais beaucoup d'élèves sont encore sous le choc. Nous, parents, avons vraiment eu très peur », raconte à L'Orient-Le Jour Johana Faour, la mère d'un élève au lycée international Jean Mermoz, très fréquenté par des écoliers libanais et français.
Des casseurs armés de gourdins
« Entre neuf heures et dix heures du matin, au moment de la récréation, des dizaines de casseurs, armés de bâtons, ont réussi à s'introduire dans l'établissement après avoir forcé le portail et jeté des pierres sur les bâtiments », raconte-t-elle. « Ils se sont ensuite dirigés dans la cour et dans les classes où se trouvaient nos enfants en état de panique », poursuit cette mère de famille.
Plusieurs autres établissements privés d'Abidjan ont été touchés lundi par des actions similaires. La fonction publique est en grève depuis une semaine en Côte d'Ivoire, et des individus attaquent les écoles privées, officiellement pour qu'elles fassent grève, elles aussi.
Vers 09h00 locales, entre 30 et 50 "jeunes adultes" ont lancé des pierres contre le portail, a expliqué à la presse le proviseur, Jean-François Rousset, de ce lycée qui compte 2.000 élèves dont de nombreux Français et étrangers.
Des victimes dépouillées de leurs biens
« Certains élèves ont été directement menacés par les casseurs qui leur ont volé leurs portefeuilles et téléphones portables. Des intrus auraient même crié aux élèves qui tentaient de fuir : 'ne bougez pas ou je vous cloue les mains !' », raconte Mme Faour, précisant que son enfant, en primaire, n'avait rien vu car « les manifestants n'ont pas pu accéder à la section primaire qui se trouve au fond de l'enceinte de l'établissement ».
Panique chez les parents
L'opération coup de poing au Lycée Jean Mermoz n'aura duré qu'une dizaine de minutes. Alors que les parents étaient informés de la situation grâce aux appels et vidéos envoyés par leurs enfants, la direction de l'établissement a semblé débordée par cette intrusion.
« Le corps enseignant, le personnel de sécurité et les gardiens de l'établissement ont été molestés lorsqu'ils ont tenté de s'interposer pour protéger nos enfants », raconte Johana Faour. « Mais les casseurs n'auraient pas dû pouvoir rentrer », se plaint-elle.
Sous couvert de l'anonymat, une autre mère d'élèves libanais raconte de son côté qu'elle a pu récupérer ses enfants vers 11h30, le temps que l'établissement soit sécurisé. « Nous étions en contact permanent avec nos enfants. Nous avons vraiment eu peur », explique-t-elle.
« Dans des messages qui ont largement circulé, des grévistes appelaient tous les élèves du public à participer à une opération de 'délogement des écoles privées' », raconte Mme Faour. Le message disait que « toute école privée qui (...) fera des cours (...) sera matée ».
Malgré les attaques de lundi, le consulat de France à Abidjan a envoyé un message à ses ressortissants leur indiquant que les cours reprendront demain.
Cette affaire survient alors que la Côte d'Ivoire a été ébranlée ces derniers jours par une mutinerie militaire qui n'a pris fin que dans la nuit de vendredi à samedi.
Le 13 mars 2016, le pays avait été victime d'un attentat dans la ville touristique de Grand Bassam, près d'Abidjan (19 morts). Revendiquée par el-Qaëda au Maghreb islamique (Aqmi), cette attaque était la première de ce type perpétrée sur le territoire ivoirien.
Avec L'Orient le Jour
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