Aux Philippines, pas moins de 1 200 personnes, soit l’intégralité des forces de police d’un des districts de Manille, vont être suspendues. C’est le chef de la police de la capitale qui l’a annoncé vendredi 15 septembre. Cette décision fait suite aux morts suspectes de trois adolescents le mois dernier. En quinze mois, la « guerre contre la drogue » du président Duterte a fait des milliers de morts, toxicomanes ou trafiquants de drogue présumés.
La majorité de la population philippine suit Rodrigo Duterte – élu il y a quinze mois – dans sa guerre contre la drogue, malgré des milliers de morts.
Mais, ces dernières semaines, les décès de trois adolescents dans le district de Caloocan ont provoqué débats et controverse. Deux jeunes de 17 et 19 ans ont été abattus par la police, qui affirme avoir agi en état de légitime défense mais est contredite par des témoins. Et le corps d’un adolescent de 14 ans, qui avait disparu au moment de l’arrestation d’un des deux jeunes, a été retrouvé criblé de coups de couteau. Des plaintes pour meurtres et torture ont été déposées, le Sénat lui-même enquête.
Formation et réassignation de l'ensemble des policiers du district
Dans ce contexte, le chef de la police a annoncé ce jeudi que l’intégralité des forces de police de Caloocan allait être progressivement suspendue pour subir une nouvelle formation et serait ensuite assignée à d’autres unités. Motif avancé : des policiers de Caloocan auraient perquisitionné une résidence privée sans mandat et y auraient commis des vols. Mais la coïncidence avec les meurtres des trois jeunes est pour le moins troublante…
En janvier, le président Duterte avait déjà brièvement remplacé la police par l’armée dans sa guerre contre la drogue, lorsqu'il s’était avéré que des policiers avaient enlevé et tenté de racketter un homme d’affaires sud-coréen.
Des policiers du district de Caloocan en patrouille, à Manille, aux Philippines, le 14 septembre 2017. REUTERS/Erik De Castro