Même s’il devait passer haut la main l’étape du prochain congrès de son parti, l’Union pour la démocratie et pour la paix en Côte d’Ivoire, les 13 et 14 décembre prochains, les sujets de préoccupation ne manquent pas pour le ministre Albert Toikeusse Mabri.
Le président de l’Union pour la démocratie et pour la paix en Côte d’Ivoire (Udpci) n’a pas tort de vouloir nettoyer son écurie. A l’occasion du prochain congrès de ce parti houphouétiste, Albert Toikeusse Mabri, seul candidat déclaré à sa propre succession, selon ses détracteurs, nourrit le projet de mettre à l’écart tous ceux qui ne lui sont pas totalement favorables.
Et Dieu seul sait combien il en compte dans ce parti qui a connu des saignées importantes, jusqu’à la présidentielle de 2010. De sources bien informées, le problème majeur qui arrache quelques heures de sommeil au ministre du Plan et du développement, c’est la volonté affichée de sa base, de le voir défier Alassane Ouattara aux urnes, à la présidentielle de 2015.
Une option inenvisageable pour ce jeune président de parti, bien apprécié par le chef de l’Etat. Stratégiquement, il milite pour une candidature unique, dès le premier tour de ce scrutin présidentiel, sous la bannière du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp), de M. Ouattara. Dans cette hypothèse, se persuade-t-il, s’il joue efficacement sa partition, il pourrait tirer davantage de marrons du feu aussi bien pour lui que pour les siens, après la réélection de l’actuel locataire du palais présidentiel. Surtout qu’en marge de la remise du Prix Félix Houphouet-Boigny, en juin dernier, à Paris, la candidature unique du président sortant a constitué un des sujets phares d’une réunion du Rhdp.
Les participants, dans leur majorité, n’ont vu aucun inconvénient à une candidature unique d’Alassane Ouattara. Sauf que, pour ne pas donner l’impression d’imposer les ‘’résolutions’’ de ce conclave de Paris, chaque leader de parti a promis suivre le cheminement prévu par les textes de son parti, quitte à faire un passage en force lors des conventions où sont censés être désignés les candidats des différentes formations politiques à la présidentielle.
Albert Toikeusse Mabri, en ce qui le concerne, serait d’autant plus à l’aise dans ce schéma, qu’il est l’un des ministres de poids dans les différents gouvernements de Ouattara. « Pour ne pas faire pale figure au premier tour, au cas où il se présenterait, il faudrait qu’il attaque la gestion du pouvoir Ouattara. Comment pourrait-il le faire convenablement dès lors qu’il est le ministre du Plan et qu’à ce titre, il a en charge la gestion du Pnd (Programme national de développement, le cadre de financement du développement, à travers la mobilisation de ressources, ndlr) ? », avance un proche de M. Toikeusse Mabri, pour justifier cette option stratégique du président de l’Udpci.
« Si le ministre Mabri se présente contre le Président Ouattara au premier tour et qu’il ne réalise pas un bon score, ce serait juste par affection que le président réélu lui renouvelait sa confiance. Donc nous sommes obligés de tout analyser, dans les moindres détails, tout en donnant bien évidemment la parole à nos militants, notamment lors de notre convention », ajoute notre interlocuteur. Mais déjà, selon nos informations, plusieurs militants de base de l’Udpci, estimant qu’ils « ne voient encore rien » de la gouvernance ensemble, proposent un autre schéma.
Au nom de l’indépendance totale de l’Udpci au sein du Rhdp, ils militent pour une candidature d’Albert Toikeusse Mabri. Mieux, lors d’une mission diligentée auprès de la base, il ressort que les militants seraient favorables à la candidature d’un autre cadre du parti arc-en-ciel, en cas de désistement de M. Mabri. Toute chose qui mélange quelque peu les calculs et met davantage de pressions sur les épaules du ministre du Plan et du développement. Mais, selon nos informations, cela n’amène pas forcément à présager d’une tension ou d’un clash lors du congrès de l’Udpci.
« Si le ministre Mabri arrive à trouver les mots qu’il faut pour parler aux militants, les choses devraient se passer sans accrocs. Les seules agitations pourraient concerner l’élection des nouveaux responsables des jeunes et des femmes. Parce que le président Mabri est loin d’abandonner son projet d’imposer ses hommes à la tête de ces structures spécialisées du parti », explique un cadre du parti fondé par le général Robert Guéï.
Marc Dossa
Avant le congrès de l’Udpci: Ce qui préoccupe Mabri - Photo à titre d'illustration