Les militants du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci-Rda, ex-parti unique) se retrouvent, à partir du 3 octobre pour le XII ème congrès ordinaire de leur parti dans un environnement délétère, polarisé sur la candidature du président sortant, Aimé Henri Konan Bédiéà la présidence du parti soixantenaire, que lui contestent trois autres prétendants dont le secrétaire général, Alphonse Djédjé Mady.
A moins d'un mois de l'ouverture des travaux du 12ème congrès, la bataille entre pro et anti-bédiéistes fait rage dans la maison léguée par le père fondateur Félix Houphouët-Boigny, occultant, parfois même, le thème de ces assises :''le Pdci-Rda face aux nouveaux défis : Renouveau, rajeunissement et renaissance''.
Un rendez-vous qui devrait faire rebondir le vieux parti ivoirien mais que les démons de la ‘'division'', inlassablement, dénoncés par son fondateur, de son vivant, risquent de faire voler en éclats comme en 1994, lors du congrès extraordinaire après le décès de Félix Houphouët-Boigny.
A l'époque, des artifices avaient été utilisés par les nouveaux dirigeants, successeurs du ‘' vieux'' à la tête du parti, pour étouffer un courant de ‘'rénovation' 'interne incarné par feu Djéni Kobina favorable à de profondes réformes du parti.
Le clash né du refus de donner la parole à Djéni Kobinan et les siens pour exprimer leur vision du Pdci post-Houphouët a engendré plus tard, la naissance du Rassemblement des Républicains (Rdr), l'actuel parti au pouvoir.
Pourtant, Laurent Dona Fologo, alors secrétaire général du Pdci, disait du ‘' rénovateur'' Djéni Kobina qu'il ‘' prêchait dans le désert'' pour battre en touche les préoccupations du courant.
Dix-neuf ans après, le Pdci-Rda, parti de dialogue et de tolérance est, à nouveau, dans la tourmente, à quelques semaines d'un congrès qui se tient dans un contexte politique différent qu'en 1994 mais qui a les mêmes similitudes au niveau des enjeux : l'avenir du Pdci-Rda.
Ce parti a connu une saignée importante depuis 1994 avec notamment quatre formations politiques et non des moindres qui sont sorties des ses entrailles. Ce sont le Rdr, l'Union pour la Démocratie et la Paix (Udpci, fondateur feu Robert Guéï), l'Union Démocratique et Citoyenne (Udcy, fondateur Mel Théodore) et le Rassemblement pour la Paix et le Progrès (RPP, fondateur Laurent Dona Fologo).
Dans la foulée de cette ‘'déconfiture'' et comme un malheur ne vient jamais seul, le Pdci-Rda, perd le pouvoir suite à un putsch militaire qui a renversé le régime de Konan Bédié le 24 décembre 1999. Depuis, le parti que Houphouët-Boigny a laissé à Henri Konan Bédié avec un électorat national de 82% se ‘'cherche' 'aujourd'hui, avec quelques 23% à l'issue des dernières élections présidentielles.
Une statistique qui devrait interpeller le parti doyen pour fédérer toutes les énergies avant le congrès d'octobre où se jouera, incontestablement, le destin du Pdci. Certes, on peut accorder le crédit du débat ouvert à ce parti eu égard à la diversité des candidatures.
Quatre pour le moment. Henri Konan Bédié (79 ans), président sortant face à Alphonse Djédjé Mady (68 ans), secrétaire général, Bertin Kouadio Konan dit ‘' KKB'' (44 ans), leader de la jeunesse du Pdci et Kouassi Yao ( 64 ans) ex-secrétaire général de la présidence de la République sous Bédié.
Mais les réactions suscitées par les candidatures de KKB, Mady et Kouassi contre Bédié dont ils étaient de ‘' fidèles'' lieutenants dans l'establishment Pdci tournent, à n'en point douter, autour des vrais enjeux des assises d'octobre prochain.
Pour les bédiéistes prêts à ‘'tordre'' le cou aux textes du parti qui limitent à 75 ans la présidence du parti, seul ‘'le sphinx'' de Daoukro peut garantir une stabilité à leur formation politique.
Ils viennent de le démontrer à la faveur du pré-congrès éclaté en ‘'plébiscitant'' Bédié candidat à la présidence du Pdci. 152 délégations sur les 156 que compte ce parti ont répondu ‘'oui'' au choix du président sortant en attendant l'onction du congrès.
Les trois autres candidats, membres de l'Alliance démocratique pour le renouveau (Adr) du Pdci-Rda, un courant politique qui revendique le respect des textes du Pdci-Rda et qui dénonce un passage ‘'en force'' de Bédié ‘' inéligible'' pour ce congrès du fait des Statuts et Règlement intérieur du parti, n'entendent pas baisser les bras même si les ‘'carottes'' semblent cuites.
Le candidat KKB menace de porter le débat de la candidature de Bédié devant les juridictions nationales pour trancher la question de son éligibilité que le verrou de la limite d'âge contraint à rester à quai de l'élection à la présidence du Pdci.
Le Président Félix Houphouët-Boigny, fondateur de ce parti, qui a fait du dialogue la clef de voûte de son combat politique, regarde de là où il se trouve tous ceux qui s'agitent pour le contrôle de son parti qui a … énormément perdu du terrain, depuis sa mort.
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Avant son congrès, ce que vaut le Pdci-Rda - Photo à titre d'illustration