Les milliers de fonctionnaires de Police qui ont un contrat de bail (qui n’est en fait que de nom) dorment d’un seul œil. Et pour cause, ils font l’objet de menace ou d’expulsion régulièrement.
La situation est d’autant plus inquiétante pour ces éléments des forces de l’ordre sous pression permanente, qu’il faudra un plan « Marshall » pour sauver ces milliers de fonctionnaires afin qu’ils jouent convenablement leur rôle d’hommes de sécurité nationale.
Le vendredi 27 septembre 2013, le commissaire principal Kouman Kissi (chargé d’études à la Direction générale de la Police nationale) a évité l’humiliation de son propriétaire. Celui-ci a dépêché à son domicile d’Angré (commune de Cocody), un huissier de Justice flanqué de plusieurs gendarmes pour l’exécution de l’acte d’expulsion. Mais le commissaire principal Kouman a vidé le logement devant « ses » visiteurs, de ses derniers biens n’ayant pas été emportés la veille du début d’un déménagement forcé, contraint, voulu et obtenu par le maître des lieux.
Bien avant lui, ironie du sort, un autre commissaire de Police qui croyait trouver une belle résidence sécurisée dans les environs du commissariat de Police du 12ème arrondissement à Angré, a été lui aussi vidé, le jeudi 19 septembre 2013, par son propriétaire.
Au début du mois de septembre 2013, c’est un officier de la Police scientifique, spécialiste en balistique qui a vu son propriétaire appuyé d’un commando de sept gaillards, saccager ses installations d’eau et d’électricité, à la Riviera-Faya (Cocody) avant de faire débarquer un chargement de sable et de briques pour tout modifier dans sa maison.
Dès le lundi 30 septembre 2013, ce sont vingt (20) éléments de la Compagnie républicaine de sécurité (Crs) 4 de Gagnoa qui vont être expulsés de leur logement pour avoir été prévenus par les propriétaires qui ne veulent plus de fonctionnaires de Police chez eux.
Autant dire que la saignée va continuer tant que des solutions définitives ne seront pas trouvées. Et pour en obtenir de meilleures, les autorités et la haute hiérarchie de la Police nationale ont cru bon de confier le « boulot » au cabinet G.W. afin de proposer des solutions idoines. Malheureusement, depuis février 2012 où ledit cabinet a entamé son travail et ce jusqu’en septembre 2013, les résultats produits sont en deçà des espoirs et attentes des autorités.
Toutefois, le cabinet, a fait l’état des lieux et décrié la lourdeur et la lenteur dans l’exécution des baux des fonctionnaires de Police. « Nous avons recensé pour le moment deux mille (2000) fonctionnaires de police qui ont du quitter précipitamment leur domicile sous la contrainte des propriétaires, de février 2012 à juillet-aout 2013. Nous continuons d’investiguer pour trouver tous les aspects des difficultés des Policiers », nous a confié, document à l’appui, l’un des responsables dudit cabinet sous couvert de l’anonymat, le 10 septembre 2013, au début de notre enquête.
Qu’à cela ne tienne, les autorités dénoncent et reprochent audit cabinet les insuffisances. « Les mouvements des personnels après la crise postélectorale n’ont pas été pris en compte. A cela, s’ajoutent les missions à l’intérieur du pays des fonctionnaires célibataires ou vivant seul au moment des contrôles des nouveaux contrats, c’est-à-dire, des policiers ayant trouvé des logements au cours de ces contrôles », a répliqué un officier de Police au fait du dossier
Solutions
Kadjané Amouyé Jacques, Commissaire principal, sous-directeur du parc automobiles, de la Solde et des Baux de la Police nationale concerné directement par cette situation délicate, nous a renvoyé à sa communication du séminaire du 17-20 septembre 2013 de Bassam, lorsque nous l’avons joint par téléphone le samedi 29 septembre 2013. « Le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité (Memis), Hamed Bakayoko est en train de mettre une stratégie claire sur pied afin d’apurer les arriérés de baux, de sorte à éviter justement des arriérés à l’avenir », a-t-il expliqué.
Revenant sur une partie de sa communication, il a laissé entendre qu’il a proposé un mécanisme. « Nous avons proposé un mécanisme simple. Nous souhaitons pour la gestion des baux, tout comme des véhicules, la mise en place d’une structure pertinente afin de gérer avec autonomie la Police nationale. J’ai rassuré les Préfets de Police et les directeurs centraux sur la volonté du Memis, Hamed Bakayoko qui est en train de trouver une solution rapide à la question des arriérés et même faire en sorte qu’aucun policier ne soit confronté à un problème de bail. C’est une solution innovante du ministre qui veut que les baux soient traités comme un accessoire du salaire ».
Cités policières
La solution « Hamed Bakayoko » qui est saluée doit également être appuyée par la récupération des cités policières. En effet, les cités policières à Abidjan, à savoir, Treichville, Plateau, Abobo, Yopougon devront être réhabilitées mais surtout être débarrassées de ceux qui n’y ont plus droit. Notamment, les retraités au nombre d’une cinquantaine, pour soulager certains policiers, mais répondre au vœu du Brédou Mbia, directeur général de la Police nationale. « Le paiement des baux se heurte à de nombreuses difficultés. Il résulte que la quasi-totalité des propriétaires de maisons baillées à la Police demandent chaque jour la résiliation de leur contrat.
Dans ce tableau guère enviable, les cités policières sont le seul patrimoine dont dispose la Police en termes de logement. Mieux, ces cités nous permettent d’y héberger un personnel d’appui qu’on peut mobiliser en période de crise pour procéder aux interventions urgentes », a-t-il signifié dans sa note du 28 juillet 2013 (N°2844) adressé au Memis.
C’est à ces prix que les fonctionnaires de Police pourront exercer tranquillement en appliquant (bien sûr) la déontologie et la nouvelle charte à eux imposées.
Réalisé par M’BRA Konan
Baux impayés de la Police: Deux mille policiers déjà expulsés - Photo à titre d'illustration