La cour d’appel du canton de Berne estime que l’unanimité des experts psychiatres fait défaut pour pouvoir prononcer cette mesure ultime. Le sans-papiers ivoirien est condamné à une peine de 20 ans ainsi qu’à un internement ordinaire
Il échappe à l’internement à vie. La cour d’appel du canton de Berne renonce à infliger la sanction ultime à Aka*, exilé ivoirien, coupable de brigandages, agressions sexuelles et assassinat. Seule la divergence entre les experts psychiatres, sur la question centrale de l’immuabilité de son trouble de la personnalité, motive cette décision.
L’intéressé, toujours considéré comme hautement dangereux, est condamné à un internement simple en sus d’une peine privative de liberté de 20 ans.
Appelée à se prononcer à nouveau sur ce cas après avoir vu sa première décision annulée par le Tribunal fédéral, la cour ne modifie pas grand-chose à l’analyse qui avait abouti à un internement à vie. Selon les juges, Aka a commis en 2010 des actes gravissimes, allant crescendo, en l’espace de quatre mois. Ce qui le place à un niveau de dangerosité ultime.
«Il n’a pas seulement fait souffrir ses victimes mais il a aussi pris plaisir à les humilier.» Il a agressé trois femmes pour les voler et les violer. Il a aussi donné quatre coups de couteau à la gorge de sa dernière victime, dont le plus violent a sectionné la colonne vertébrale.
Regrets stratégiques
Malgré l’absence d’antécédents judiciaires aussi sérieux, les juges estiment que cet homme, âgé de 36 ans, présente un risque de récidive hautement probable. La cour se déclare aussi plus proche des sévères conclusions du Dr Philippe Vuille relevant le caractère très manipulateur d’Aka et mettant en doute la sincérité de ses récents regrets.
La nuance apportée par le Dr Etienne Colomb, faisant état d’un léger progrès durant la détention, n’aura pas suffi à persuader la cour d'une vraie prise de conscience. «Son repentir est dicté par des raisons stratégiques.»
Le désaccord des experts sur les chances de pouvoir un jour traiter Aka de sa psychopathie et de le voir évoluer favorablement sonne le glas de l’internement à vie. «La loi exige des réponses convergentes sur l’immuabilité du trouble», relève la cour.
Les juges estiment toutefois que les caractéristiques de sa personnalité demeurent très inquiétantes et justifient une mesure plus incisive que la prise en charge thérapeutique, plaidée par Mes Yaël Hayat et Guglielmo Palumbo. «Il n’a aucune volonté sérieuse de se soigner.»
Au final, la cour se dit convaincue qu’une peine privative de liberté, même très longue, ne suffit pas à protéger la société de cet homme «qui a frappé trois fois avant d’être arrêté». Un internement simple est donc ordonné.
Cette mesure sera exécutée après la peine, devra être réexaminée à intervalle régulier et ne pourra être levée que si Aka ne représente plus un danger pour autrui. Un espoir, même infime, de sortir un jour de prison, qui fait toute la différence avec l’internement à vie.
*Prénom fictif
Berne (Suisse) : Un exilé ivoirien condamné à 20 ans de prison pour viol et assassinat - Photo à titre d'illustration