Charles Blé Goudé, acquitté et mis en liberté conditionnelle par la Cour pénale internationale (CPI) dans les violences post-électorales ivoiriennes de 2010/2011, a appelé mercredi ses compatriotes à se pardonner pour reconstruire une « nouvelle Côte d'Ivoire », dans un « message d’apaisement » depuis à la Haye.
« Quel que soit ce que chacun d’entre nous aura vécu, nous devons apprendre à nous pardonner les uns, les autres. Pour moi, le pardon est une étape inévitable à la reconstruction d’une Côte d'Ivoire nouvelle », a déclaré Blé Goudé dans un message diffusé sur sa page Facebook.
Selon lui, « une telle démarche serait la démonstration de notre grandeur d’âme, l’âme ivoirienne. (Car) l’un des plus grands signes d’espoir, ensemble, nous devons construire notre pays dans le respect de nos différences d’opinion, de religion et de provenance géographique ».
« Nous devons inscrire notre engagement et notre culture politique dans une compétition saine, c'est-à-dire débarrassée de toute violence et surtout loin des armes », a-t-il affirmé, avant d’ajouter : « aucune ambition politique, aussi noble soit elle, n’est au-dessus de la vie des Ivoiriens ».
Il estime que ce sont les différences qui enrichissent le débat politique et confèrent à la démocratie toute sa beauté et tout son sens. Bien que sa détention ait été « physiquement éprouvante », Blé Goudé assume que cela « n’a aucunement altéré (son moral) ».
« L’espoir de nous voir tous unis de nouveau dans notre beau pays ne m’a jamais quitté, un pays qui procurera à chacun et à tous ses enfants de meilleures opportunités de vie, de meilleures éducations, des soins médicaux appropriés et une justice équitable », a-t-il poursuivi.
L’ex-leader de la Galaxie patriotique, mouvement proche de l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo, a dit « mille fois merci » à la diaspora ivoirienne, africaine et à l’ensemble des Ivoiriens qui ont consenti des sacrifices et lui ont apporté leurs soutiens.
« Aussi cruelle qu'ait été l’épreuve que mon pays a vécue, fidèle à mon engagement de ne jamais être du mauvais côté de l’histoire, je n’encouragerai aucune tentation de vengeance, ni aucune velléité de revanche, parce que de revanche en revanche, cela ne fera que précipiter notre pays dans l’abîme », a-t-il lancé.
A contrario, souligne-t-il être « disposé à encourager toutes les initiatives en faveur de l’édification d’une société qui sache tirer les leçons de son passé douloureux (…). Même si les circonstances de l’histoire nous ont imposé cette crise qui a retardé le développement » de la Côte d'Ivoire.
« Nous ne sommes pas obligés de prolonger ce conflit, et ne nous y trompons jamais, les sociétés qui avancent, les pays qui engrangent d’importantes victoires sur le marché concurrentiel de développement sont ceux qui savent tirer des enseignements » du passé, a-t-il fait observer.
Au regard de l’actualité socio-politique, Blé Goudé note que « chaque jour les murs de méfiance gagnent en épaisseur et en hauteur, le fossé social, quant à lui continue de se creuser avec une obstination que rien ne semble arrêter ».
La peur à l’approche des processus électoraux semblent être de retour vu les enjeux des joutes électorales de 2020. Pour lui, ce n’est pas une fatalité, toutes les énergies devaient être tendues vers le développement soutenues par des institutions fortes.
« Le fonctionnement de notre démocratie naissante doit se faire autour des règles impartiales, au service de la quiétude des populations. Nous devons travailler à doter notre pays d’institutions fortes et crédibles ; et non des institutions assujetties aux intérêts du parti au pouvoir », a-t-il insisté.
« En ce qui me concerne, je serai un instrument au service de la paix et de la réconciliation dans mon pays. Savoir reconnaître ses erreurs et assumer ses responsabilités quelle qu’elle soit, voilà la rédemption », a-t-il laissé entendre.
M. Blé Goudé et l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo, accusés de crimes contre l’humanité dans les violences perpétrées en Côte d'Ivoire de décembre 2010 à avril 2011, ont été acquittés mi-janvier avant leur libération conditionnelle le 1er février 2019.
Alors que M. Gbagbo, ancien chef de l’Etat ivoirien, son mentor se trouve en Belgique où il séjourne avec son fils et sa deuxième épouse, Charles Blé Goudé est toujours aux Pays-Bas pour défaut de pays d’accueil.
AP/ls/APA
Blé Goudé appelle les Ivoiriens à se pardonner pour bâtir une nouvelle Côte d'Ivoire