Comme pour la défense de l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo, l’équipe d’avocats de Charles Blé Goudé a entamé ce lundi 19 novembre 2018 la présentation de ses arguments en faveur d’un acquittement de l’ancien leader des jeunes patriotes.
Emmenée par Alexander Knoops, avocat principal du dernier ministre de la Jeunesse de Laurent Gbagbo, l’équipe s’est attelée à démontrer que Charles Blé Goudé était étranger aux décisions militaires. Selon Me Knoops, il ne participait pas aux réunions visant à mettre en place le « Plan commun », présenté par Fatou Bensouda comme matrice d’actions du camp Gbagbo lors de la crise de 2010-2011.
« Nous avons prouvé que sur lesdites réunions stratégiques entre Laurent Gbagbo et les Commandant FDS sur lesquelles se fondent l’accusation montrent que Charles Blé Goudé n’était pas présent à au moins 5/6 des réunions essentielles. Réunions au cours desquelles un plan commun aurait été élaboré. Les moyens de l’accusation vont à l’encontre de cette observation concernant M. Charles Blé Goudé », a déclaré l’avocat qui se basait lors de son argumentaire sur les témoignages et les registres récupérés à la résidence occupée par Laurent Gbagbo au moment des faits.
Selon Alexander Knoops, Charles Blé Goudé « n’était pas impliqué dans ces réunions ». Ce qui a fait dire à l’homme de droit hollandais que « l’accusation se contredit elle-même ». Pour l’avocat principal de l’ancien leader de la FESCI, la décision de Fatou Bensouda d’abandonner des charges contre l’accusé étaye cette position.
« En acceptant l’abandon des charges contre M. Blé Goudé en rapport avec les 3e et 4e incidents, a-t-il relaté, l’accusation concède qu’en effet, aucun élément de preuve en rapport avec la présence de M. Charles Blé Goudé n’est lié aux réunions du 12 janvier et du 14 mars 2011 ».
La question des milices, notamment celle des recrutements de jeunes dans l’armée suite à l’appel lancé par Charles Blé Goudé a également été évoquée à la barre.
Se basant sur le témoignage de Philippe Mangou, Chef d’Etat-Major des armées au moment de la crise, Alexander Knoops a assuré que son client n’a favorisé aucune intégration de jeunes dans l’armée.
« La déposition de P-009 montre qu’il n’y avait jamais eu de réelle intention de recruter ces jeunes l’état-major gérait la foule dans ses locaux pour sauver les apparences. Il s’agissait de canaliser les jeunes et par la même occasion, les encourager à quitter l’Etat-Major les allégations de l’accusation selon laquelle des personnes ont remis leurs cartes d’identités et rempli des formulaires ne change pas le fait que ces personnes n’ont pas intégré l’armée de Côte d’Ivoire et qu’ils ne s’y sont pas battu », a-t-il souligné.
« La cause de l’accusation s’écroule »
Présent dans la salle et vêtu d’une tenue traditionnelle africaine, Charles Blé Goudé a vu son avocat expliquer à la Cour présidée par l’italien Cuno Tarfusser que, « l’allégation selon laquelle l’enrôlement était un processus en cours est totalement sans fondement, artificielle et ne contribue pas à appuyer la théorie selon laquelle Charles Blé Goudé avec cet appel aurait joué un rôle essentiel ».
Pour Alexander Knoops, en l’absence d’éléments prouvant que cet enrôlement a bien eu lieu sous la houlette de Charles Blé Goudé, le dossier de Fatou Bensouda perd toute sa substance.
« Même si Charles Blé Goudé n’avait pas prononcé cet appel, le cours des évènements en terme de recrutement n’aurait pas été différent, d’aucune manière. L’accusation selon laquelle Blé Goudé aurait joué un rôle dans le recrutement de jeunes est indigne de foi devant n’importe quelle chambre. La cause de l’accusation s’écroule en l’absence d’éléments de preuve pouvant étayer le fait que Charles Blé Goudé a tenu un rôle important dans le recrutement », a-t-il poursuivi.
L’audience se poursuit ce 20 novembre toujours avec la présentation des avocats de Charles Blé Goudé.
Blé Goudé « pas présent » dans les réunions sur le ‘’Plan commun’’ selon sa défense