Bonoua et Samo attaquées : 1 mort, plusieurs blessés

  • 16/10/2013
  • Source : Soir Info
Des hommes armés se sont signalés, dans la nuit du dimanche 14 au lundi 15 octobre 2012, à Bonoua et Samo (localités situées à l'est d'Abidjan sur la route menant au Ghana). Bilan : un mort, plusieurs blessés, des véhicules brûlés, des armes et des biens emportés...Notre reportage.

Yaou, localité située à deux kilomètres de Bonoua en venant de Grand-Bassam. Nous y sommes ce lundi 15 octobre 2012 sous un temps clément. Il est 10 h 42 quand notre véhicule de reportage est sifflé par des éléments des Forces républicaines de Côte d'Ivoire (Frci). De l'autre côté de la voie, des chasseurs traditionnels appelés dozos s'emploient à contrôler les occupants des cars et autres véhicules personnels arrêtés.

Après ce contrôle, nous voici dans Bonoua (ville situé à une cinquantaine de kilomètres à l'est d'Abidjan). A chaque 100 mètres, sont postés des éléments des Frci lourdement armés. Ils contrôlent les pièces des véhicules, fouillent des voitures, font descendre des passagers pour des vérifications d'identité... Ils veillent au grain.

Seules quelques personnes sont présentes de part et d'autre de la voie internationale qui traverse la ville. Au niveau des commerces, de l'administration...tout est fermé. Au centre-ville, un pick-up, remplis de soldats, est surmonté de mitrailleute12∕7. D'autres véhicules de l'armée circulent...C'est que Bonoua venait d'essuyer la nuit passée, l'attaque d'hommes armés.

A notre arrivée dans cette ville, les combats avaient cessé. Mais les informations recueillies sur place permettent de savoir ce qui s'y est passé. Aussi bien à Bonoua qu'à Samo (localité située à 8 Km de Bonoua sur l'axe menant à Aboisso).

Comment les assaillants ont opéré


Déjà à 18 h 30, dimanche, des hommes armés prennent leur quartier dans le centre de formation Don Orion de la ville, situé en face du camp des Frci. Selon les explications du père Michel Koffi, on y enseigne 7 filières (maçonnerie, plomberie, couture, électricité...). Dans ce centre, se trouve un bar. C'est là que les assaillants se sont installés. Une fois, en ce lieu, ils prennent en otage tous ceux qui s'y trouvent, prenant soin d'arracher les téléphone-portables.

Le père Michel Koffi indique qu'il recevait dans la cour du centre de formation, « un frère, un ami ». Il affirme avoir envoyé un certain Maruis pour lui ramener de la boisson du bar. Ne les voyant pas revenir, le père dit avoir demandé à une autre personne d'aller voir ce qui se passe. Cette personne n'est pas revenue non plus, selon ses explications. « Je ne le voyais plus revenir et je me suis moi-même rendu dans le bar. Arrivé là-bas, des individus m’arrêtent, m'arrachent mes portables et m'enferment avec d'autres personnes », relate le père Michel Koffi.

« C'est alors que j'ai compris qu'on venait d'être kidnappés. Ceux qui ont fait ça étaient encagoulés et en tenues civiles. Ils nous ont dit qu'ils étaient venus pour libérer la Côte d'Ivoire. Nous leur avons dit pourquoi, c'est notre centre, qu'ils prennent pour faire ça », précise notre interlocuteur. « Nous sommes donc restés enfermés. Et aux environs de 21 h, les premiers tirs sont partis vers le camp des Frci », indique le père Michel Koffi, soulignant que les assaillants, dont il n'a pu déterminer le nombre, étaient armés de kalachnikovs, de Rpg7, de grenades...

Un responsable des Frci rapporte qu'ils ont lancé une dizaine de roquettes sur leur camp, avant de l'encercler. Le père Michel Koffi, de son côté, révèle que vers 23 h, les assaillants sont partis, emportant deux véhicules (une Peugeot 406 et une Toyota Rav 4). A

près leur départ, regrette le père Michel Koffi, un autre cauchemar commence pour eux. Selon lui, des éléments Frci investissent le centre de formation. Et fracassent des portes. « Ils ont fait un véritable déménagement. Ils ont emporté le matériel de musique, tout ce qui est boisson. Ils ont emporté les moteurs des congélateurs et des réfrigérateurs, des sacs, des bouteilles de gaz, des Dvd. Ils ont pris le matelas. Ils ont decondamné ma voiture de marque Toyoto Advensis. Des élements des Frci l'emportaient, mais grâce à l'intervention du Sous-préfet, j'ai pu récupérer mon véhicule », dresse-t-il le bilan. Le père Michel Koffi déclare qu'il ne comprend pas les agissements de ces soldats. Il jure avoir été aussi victime des assaillants et non de les avoir abrités de gré.

Quand le calme est revenu, l'homme de Dieu est allé faire une déposition à la Brigade de gendarmerie de Bonoua. Une Brigade qui a aussi essuyé des tirs dans la nuit, a-t-on appris sur place dans la cité de l'ananas. Le Commissariat de Police fut la cible de ces hommes armés. Qui s'y sont introduits pour « piller la poudrière », confie un élément des Frci.

Le bilan provisoire...


Un responsable des Frci de Bonoua, sous le couvert de l'anonymat, informe qu'un suspect a été arrêté à Bonoua et qu'il aurait dit être un militaire venu de l'état-major de l'armée. Nous n'avons pu vérifier cette arrestation. Tout comme celle de deux autres suspects qui auraient été appréhendés à Samo sur l'axe Bonoua-Aboisso, toujours selon ce responsable des Frci. Qui soutient que ces individus, qu'il présente comme des éléments du Bataillon de commando parachutiste (Bcp), ont été récupérés par des soldats de la Force spéciale venus en renfort.

Notre interlocuteur souligne que Samo a été « canardé » dans la même nuit que Bonoua, faisant un blessé parmi les Frci. A Bonoua, il y a eu, à l'en croire, 3 blessés parmi les soldats. Une source sur place révèle que cinq véhicules ont été brûlés par les assaillants à Samo. En outre, une famille a reçu dans sa maison à Bonoua, a-t-on appris sur place, un obus au moment des combats, faisant trois blessés. Ils ont été conduits à l’hôpital général de Bonoua, avant d'être évacués sur Abidjan.

Deux autres blessés civils venus de Samo ont aussi transité par l'hôpital de Bonoua avant d'être transférés à Abidjan. Soit un bilan provisoire dans ces deux attaques, d'un mort et trois arrestations parmi les assaillants, quatre blessés côté Frci, cinq au sein de la population civile. Mais d'autres sources avancent que le bilan pourrait être plus lourd. Au moment où nous quittions la ville, en début d'après-midi, un convoi de l'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (Onuci) se dirigeait vers le camp des Frci de Bonoua. La tension paraissait toujours perceptible !

SYLLA Arouna