Le successeur de Theresa May sera nommé par le Parti conservateur d'ici le 20 juillet, avec pour grand favori l'ex-ministre des Affaires étrangères Boris Johnson, champion des Brexiters.
Il a été journaliste, maire de Londres, ministre des Affaires étrangères et il a dirigé la campagne en faveur du Brexit à grand renfort de promesses qui n’étaient, il l’a reconnu, que des mensonges. Une campagne particulièrement violente, lors de laquelle il n’a pas hésité à comparer l’Union européenne au régime nazi d’Hitler.
Après avoir remporté son pari en 2016, contre toute attente, l’ancien maire de Londres renonce à briguer la tête du parti conservateur laissant le champ libre à Theresa May. Cette dernière le nommera ensuite ministre des Affaires étrangères.
Il restera près de deux années à ce poste, suffisamment longtemps pour irriter les chancelleries occidentales en raison de son indélicatesse, de ses dérapages en tout genre ou de son imprévisibilité. Autant dire que la perspective de le voir revenir à Bruxelles dans le rôle du Premier ministre, pour négocier la sortie de son pays, ne devrait pas réjouir outre mesure les Européens.
Bourdes et franc-parler
L’année dernière, Boris Johnson avait claqué la porte du gouvernement May pour marquer son désaccord avec le plan de Chequers, qui prévoyait le maintien d’une relation commerciale étroite entre le Royaume-Uni et l’Union européenne après le Brexit.
Sa personnalité, indissociable de ses bourdes et de son franc-parler, séduit toutefois une partie des Britanniques. En particulier les adhérents du Parti conservateur, à qui il reviendra de trancher entre les deux derniers candidats en course pour remplacer Theresa May.
Un retraité anglais qui arrondit ses fins de mois en distribuant ses journaux dans la rue, militant de base du Parti conservateur, compte sur Boris Johnson pour accomplir ce que Theresa May n’a pas réussi à faire. « J’ai voté pour le Brexit et il va le faire, déclare-t-il au micro de notre envoyée spéciale à Londres, Béatrice Léveillé. Quand il était maire, il faisait un meilleur boulot que le maire qu’on a maintenant ». Johnson a déjà prévenu : « Nous quitterons l'Union européenne le 31 octobre, accord ou pas. »
« C’est un idiot »
Pour ses adversaires en revanche, il s’agit d’un personnage peu crédible. « Je suis travailliste donc je serais content qu’il arrive au pouvoir pour démontrer l’incapacité des conservateurs, témoigne un électeur. Je suis désolé pour Theresa May. Elle a fait de son mieux. Mais à l’intérieur de son parti, certains, comme Boris Johnson ont dit non à tout ce qu’elle proposait. Je serais curieux de voir ce qu’il va faire »
Les Écossais comme les Londoniens n’étaient pas en faveur de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne et ils ne mâchent pas leurs mots. « C’est un idiot, un idiot total, je ne pense pas qu’il va devenir Premier ministre, lance l’un d’eux. Je ne pense pas que cette saloperie de Brexit va avoir lieu, parce qu’ils n’auront jamais la majorité au Parlement. Enfin en tous cas, c’est ce que j’espère. »
Discours de Boris Johnson, alors qu'il était encore ministre des Affaires étrangères, à Londres, le 14 février 2018. REUTERS/Peter Nicholls