Bouaké : Les hôpitaux, des mouroirs en sursis, après 72 heures de grève

  • 08/11/2018
  • Source : Linfodrome
Débutée le lundi 5 novembre 2018, la grève des agents de santé n'est pas sans conséquences dans les établissements publics sanitaires de Bouaké.

La désertion du personnel soignant dans ces officines à capitaux publics a laissé place à un mouroir à ciel ouvert. Au 3ème jour de ce débrayage, nous avions effectué une visite dans quelques centres de santé pour nous faire une idée nette de la situation. Le centre hospitalier universitaire de Bouaké qui nous a accueilli en ce troisième jour de grève ne connaissait plus son engouement habituel. Médecins, infirmiers, sages-femmes et aides-soignants ont pour la plupart décampé. Quelques patients et parents de patients trouvés sur place ne savaient où donner de la tête tant la crainte de perdre un proche avait fini par gagner les cœurs.

Dame K. Awa, rencontrée ce mercredi après-midi aux urgences est dans le désarroi. « Je suis arrivée depuis hier (ndlr : mardi 6 novembre 2018) à l'hôpital avec un malade sous la main. Contre toute attente, on m'apprend que les agents de santé sont en grève. N'ayant pas les moyens d'aller dans une clinique, je fais le pied de grue espérant que les agents de santé qui observent le service minimum viendront s'occuper de mon malade », a laissé entendre ce parent de patient qui plaide pour la reprise effective du service dans les hôpitaux.

Fini les urgences, nous décidons de faire incursion au service de gynécologie ou encore la maternité. Ici, le service est aussi au ralenti grâce à un service minimum. Cependant, l'engouement n'est pas encore chez les patients. La raison de cet état de fait, selon des témoignages recueillis sur place, certains patients ont décidé de se ruer vers les cliniques privées pour éviter des complications à l'accouchement.

Après la maternité du chu, nous décidons de visiter quelques centres de santé urbains. A la maternité de Koko, un service minimum est observé mais l'absence des agents de santé de première nécessité laisse à désirer. Un patient indiscret qui découvre notre identité de journaliste nous apprend qu'un décès est survenu ce jour faute de soins appropriés manifesté par l'absence de personnel.

De l'autre côté du quartier commerce, le centre médico-scolaire a complètement baissé pavillon. Le médecin des lieux, sans blouse et assis dans son bureau, tente d'observer le service minimum quand bien même que les patients se font désirer à cette heure de travail...