Lida Kouassi Moïse, 8e vice-président du Front populaire ivoirien (Fpi) tendance Laurent Gbagbo, en charge du projet de société de ce parti, est en Europe depuis la semaine dernière. Sur invitation de la représentation France du parti, il a effectué ce déplacement pour parrainer la célébration du 74e anniversaire du président Laurent Gbagbo. La cérémonie organisée à cet effet a eu lieu le samedi 1er juin à Asnières-Gennevilliers, en banlieue parisienne.
Mais avant, dès son arrivée d’Abidjan, Lida Kouassi s’est rendu à Bruxelles en Belgique, où il a passé trois jours auprès de son mentor politique. A son retour à Paris, il a prononcé une conférence sur « la vision, le combat et la consécration de Laurent Gbagbo », devant de nombreux militants et sympathisants de leur parti venus prendre part à la fête anniversaire, samedi. Ce fut l'occasion de faire quelques confidences sur son séjour bruxellois. « Le président m'a fait l'honneur de me recevoir pendant trois demi-journées. Le premier jour, il est venu me chercher à mon hôtel. Nous sommes allés marcher, parler pendant 40 mn et après, nous sommes allés chez lui, et nous avons parlé de 17h jusqu'à 20h30. Le lendemain, il est revenu me chercher, en compagnie du Dr Blé et de notre belle sœur. Nous sommes allés dans le même parc, nous avons encore marché pendant une heure, puis nous nous sommes rendus chez lui et en présence du Dr Blé, j'ai parlé avec le président pendant 4 heures », a-t-il informé. Il a ajouté que son hôte se porte bien et qu'il a gardé, malgré son âge, une lucidité dans ses analyses. « Il est resté le même, un esprit vif et tranchant », s'est réjoui Lida Kouassi.
Septembre comme date butoir. Sur le contenu de ses échanges avec le fondateur du Fpi, il s'est voulu peu prolixe, se contentant d'un « nous avons abordé beaucoup de questions ». Toutefois, Lida a précisé avoir posé cette question plusieurs fois à Laurent Gbagbo : « Président, tu viens quand à Abidjan ? ». « Ça ne saurait tarder. Les gens que je vois, et que toi-même tu vois là, est-ce qu’ils peuvent me maintenir jusqu'en septembre », a répondu Laurent Gbagbo, selon l'ex-ministre Lida. Une réponse qui a fait danser toute la salle, lorsqu’il l’a livrée. Pour ce retour, Lida dit avoir confié à son hôte que plusieurs dispositions sont en train d’être prises. « Les femmes nous ont informé à Abidjan, qu'elles sont en train de produire des milliers de tee-shirts pour inonder toute la Côte d’Ivoire. Mme Simone Gbagbo a souhaité qu’il soit écrit sur ces tricots, ‘’bring back our Gbagbo’’ (ramenez notre Gbagbo). A Paris, un pagne est déjà confectionné », a-t-il confié à M. Gbagbo. Et comme pour contenir la volonté des nombreux partisans du président Gbagbo qui multiplient, depuis quelques jours, des rencontres pour reprendre les marches et mobilisations de soutien dans toute l’Europe, notamment en France, La Haye et à Bruxelles, Lida Kouassi a, au nom de son chef, appelé au calme. « Le président vous demande de garder le calme. Il sera bientôt parmi nous » dira-t-il. Il a ensuite révélé que c’est à dessein que le président Gbagbo ne publie aucune photo de lui, ou ne parle pas publiquement jusque-là. « Ce n’est pas parce que je ne veux pas, mais c’est parce que je me suis imposé cette discipline » lui aurait dit l'ex-président ivoirien.
Le combat de la Cei. Lida Kouassi s’est par ailleurs prononcé sur l’actualité politique nationale, notamment sur la question de la Commission électorale indépendante et celle du découpage électoral. « On ne peut pas accepter ce découpage électoral qui donne déjà la majorité à un parti politique. On ne peut pas accepter une commission électorale qui est inféodée au pouvoir et qui a déjà montré son parti pris dans les élections précédentes en créant les conditions de la guerre » a-t-il dit. Selon lui, le gouvernement résiste pour l'instant. Il pense que le pouvoir veut juste consulter les acteurs politiques, pour ensuite entrer au laboratoire avec ses hommes et sortir une commission faite sur mesure. « Nous ne l'accepterons pas », a-t-il martelé. Le vice-président du Fpi se dit très confiant. « Nous voulons une commission avec toutes les réformes que nous souhaitons. Et moi je ne doute pas que nous puissions y arriver. Bien entendu, il ne s'agit pas de s’asseoir dans nos salons. Il faudra bien à un moment aller au charbon. Tout ce que nous avons gagné dans nos luttes politiques, nous l'avons gagné à la sueur. Donc il faut savoir que d'ici la fin de l'année, il faudra aller chercher la Cei, là où elle est bloquée », a-t-il dit aux militants pour les galvaniser.
Blaise BONSIE, Correspondant en France
Bruxelles : Après son acquittement, Gbagbo donne un délai pour son retour à Abidjan