Le Mouvement des forces d’avenir (Mfa), le parti encore dirigé par Innocent Anaky Kobéna a tenu son bureau politique le samedi 19 octobre 2013 à son siège de Angré 7e Tranche.
Ce bureau politique qui a mobilisé 76 des 77 délégués membres (selon les organisateurs), avait à se pencher sur le deuxième congrès ordinaire annoncé du Mfa. Les participants ont entendu plusieurs communications émanant des instances du parti avant le discours de clôture du président Anaky entouré pour l’occasion de son épouse, du député Atta Kouabéna et du secrétaire général Pascal Angui. Anaky a planté le décor à l’entame. Dans son allocution de clôture, il a situé les enjeux du futur congrès prévu pour le premier trimestre 2014.
‘’Un congrès qui sera ordinaire mais extraordinaire par les décisions qui seront prises car le Mfa doit s’adapter à la nouvelle situation du pays’’, a dit M. Anaky avant de donner sa feuille de route et les objectifs à atteindre. Avoir pour la prochaine législature un groupe parlementaire d’au moins 20 députés, et pour les futures municipales, rafler 20 mairies. C’est selon Anaky la meilleure façon de faire converger l’envergure de son parti et la ‘’sympathie qu’il suscite dans le pays et dans le peuple’’. Le bureau politique qui est intervenu sur fond de crise interne n’a pas occulté les bisbilles entre l’aile dissidente et le noyau resté fidèle à Anaky Kobéna.
Comme pour brocarder la dissidence, le président du parti dans un échange interactif a interpellé ses militants : ‘’le Mfa est-il pour le peuple ou pour autre chose ? Le Mfa est-il pour le peuple ou pour des enveloppes (d’argent, ndlr) ?’’. Et l’assistance de répondre en chœur : ‘’pour le peuple’’. A la clôture, c’est un Anaky Kobéna se disant mal compris qui est revenu sur son discours de l’Hôtel Pullman en mai dernier. Un message qui n’a pas été du goût des alliés du Rhdp, principalement le Rdr. Le Mfa en récoltera un bicéphalisme orchestré par Antoine N’gbala Yao qui a même prononcé la destitution de Innocent Anaky Kobéna. Ce dernier a reprécisé sa pensé en se basant sur ce discours qui a fait mouche. Mais bien avant il a fait remarquer : ‘’Le Mfa qui a un rapport particulier avec le peuple parle et parlera quel que soit ce que cela lui coûtera’’.
‘’Si dire un mot de ce qui ne va pas est un crime, nous retombons à l’ère des cavernes’’
Dans ce deuxième mouvement de sa prise de parole, celui qui a été pour beaucoup dans la naissance du Rhdp (c’est son expression), n’a pas mâché ses mots. Il a insisté sur le fait que ceux qui prétendent aimer Ouattara se doivent de lui dire la vérité. Sa vérité à lui, il l’a dite dans ce morceau choisi : ‘’Je redis encore que le peuple de Côte d’Ivoire attend encore beaucoup. Il n’arrive pas à manger à sa faim même si beaucoup a été fait. Le dire ce n’est pas jeter la pierre à qui sont au pouvoir. Le dire c’est poser un diagnostic avant d’aller de l’avant.
Donc si le président de la République Alassane Ouattara et son gouvernement travaillent bien mais que jusqu’à présent le peuple a encore faim, on doit le leur dire pour qu’ils travaillent encore plus afin que le peuple puisse manger à sa faim. Voici peut-être ce qui n’a pas été compris ou alors ce qui a été mal compris par beaucoup de personnes. On dit que j’ai attaqué le Président Ouattara, le président Bédié… mais que non ! Quel que soit ce qu’on fait encore s’il y a quelque chose qui se passe il faut le dire. Regardez un peu ce qui se passe aujourd’hui en France (où des ministres du même gouvernement donnent des points de vue différents sur les problèmes de l’heure). Le Président (de la France) laisse faire parce qu’il a compris que c’est cela la vraie démocratie. En plus c’est de cette manière qu’on peut corriger tous les travers et aller de l’avant.
Mais si, en Côte d’Ivoire comme dans beaucoup de pays d’Afrique, on estime que dire un mot qui ne va pas dans le sens de ce que veut le chef de l’Etat est un crime, je peux dire que nous retombons dans les ténèbres, dans le moyen âge, nous retombons même à l’ère des cavernes. Je dirais que ce genre de comportements n’arrange pas l’image du pays et n’arrange pas l’image du Chef de l’Etat. Aujourd’hui de plus en plus, un pays est noté par rapport à un certain nombre de critères de bonne gouvernance. Et c’est quand vos points sont excellents par rapport à ces critères que vous êtes éligibles à certains concours internationaux qu’ils viennent du Fmi, de la banque mondiale ou d’ailleurs.
Mais si vous étouffez l’expression démocratique ici en Côte d’Ivoire, quelles soient les performances qu’on peut faire, la Côte d’Ivoire ne passera pas. Donc cela veut dire qu’en Côte d’Ivoire si ça ne va pas, on doit pouvoir le dire au Chef de l’Etat et cela l’arrange lui-même’’. Terminant sur ce chapitre, M. Anaky a dit croire encore en l’alliance Rhdp même s’il estime que des corrections doivent être faites. Ceux qui travestissent ses propos, il les ramène à la dernière interview (in L’inter) de Franc Olivier, le fils de Djéni Kobinan mais surtout au discours de Henri Konan Bédié à l’ouverture du 12e congrès du Pdci.
‘’Bédié a dit mieux que moi-même ce que j’avais à dire et dit. Il a été plus anakyiste que moi’’, dit-il. Innocent Anaky face à ses militants a également trahi un secret qui reflète toute la douleur qui est la sienne depuis l’arrivée du Rhdp au pouvoir. ‘’Qui accepterait que trois ans après la constitution du Rhdp, le président du Mfa n’ait pas eu son poste ministériel ? Le Mfa demande la réparation d’une injustice qu’il subit’’, a relevé M. Anaky sous les applaudissements approbateurs de ses militants.
S.Debailly
Bureau politique du MFA / Anaky Kobéna revient à la charge : ‘‘En Côte d’Ivoire si ça ne va pas, on doit le dire au Chef de l’Etat et cela l’arrange lui-même’’ - Photo à titre d'illustration