Au Burkina Faso, alors que la procédure sur l'enquête du coup d'Etat manqué de septembre 2015 suit son cours, la société civile reste divisée sur la détention, deux ans après les faits, des présumés auteurs du putsch. Pendant que le Cadre d'expression démocratique demande la libération des généraux et des autres prisonniers qu'ils considèrent comme des « prisonniers politiques », le rassemblement des organisations de la société civile voit en cette demande une manœuvre de déstabilisation du pays.
Pascal Zaida est à la tête du Cadre d'expression démocratique qui regroupe une vingtaine d'associations. Il a entamé une campagne de dénonciation des tribunaux d’exception et des détentions arbitraires. Son regroupement demande la libération de « certains prisonniers politiques » : « Vous avez des gens qu’on a arrêtés sous la transition, après on les a relâchés, ça fait partie de détentions arbitraires. C’est vrai que depuis un bout de temps, nos détracteurs pensent que la question est liée àDjibrill Bassolé.
Il n’est pas le seul. Il y a des centaines de personnes qui ont été détenues de façon arbitraire, et certains y sont toujours, y compris Bassolé. Voilà pourquoi nous avons élargi la question. Non aux détentions arbitraires ! Malheureusement le pouvoir n’a pas écouté et n’écoute pas, et les choses continuent d’aller de pire en pire. »
L'artiste-musicien Dicko Omarou alias Dick Marcus, coordonnateur d'un autre rassemblement d'organisations de la société civile, considère ces appels à la libération des généraux Gilbert Dienderé et Djibrill Bassolé comme des manoeuvres de déstabilisations du pays : « Des gens font des démarches du côté d’Abidjan, vers Blaise Compaoré. Ils reviennent, ils disent qu’il faut qu’on ramène Blaise Compaoré sinon il n’y aura pas la paix, il faut libérer le général Diendéré sinon on n’aura pas la paix… Ils disent qu’il faut libérer un général qui a perpétré un coup d’Etat, sans que la justice puisse statuer. Nous pensons qu’il y a des choses qui ne tournent pas rond. »
Ces regroupements de la société prévoient deux grands rassemblements à la place de la Nation et à la Maison du peuple dans les semaines à venir pour se faire entendre.
Djibrill Bassolé, lorsqu’il était ministre des Affaires étrangères du Burkina Faso, en déplacement au Mali, le 1er avril 2012. © AFP PHOTO/ ISSOUF SANOGO