Une famille presque décimée, avec quatre (4) membres tués, trois cousins grièvement atteints par des décharges de chevrotines, un village sur le pied de guerre, déplacement massif des populations en brousse, les autorités politiques et administratives sur le qui-vive.
Voilà, la sombre « météo » qui prévaut en ce moment, à Buyo, dans le département de Soubré, région cacaoyère dans le sud-ouest de la Côte d’Ivoire, où des dozos, chasseurs traditionnels, ont semé la mort ce lundi 14 octobre 2013, tard la nuit, selon des sources policières sur place.
Les Dozos, appartiennet à une confrérie de chasseurs traditionnels qui obéissant à certaines règles et rites d’initiation se sont érigés, aujourd’hui, en justicier en Côte d’Ivoire… Les faits se passent dans le village de Gribouo situé à 15 Km de Buyo. Ces multiples tueries sont la résultante d’un banal conflit foncier entre un allogène Burkinabè et un autochtone Bété. Que ne fut pas la surprise de Goba Bléouan, planteur à Gribouo, de constater que Belem Ossou, un ressortissant burkinabè a qui son père, Dallo Goba Pierre, lui aussi planteur, avait cédé une partie de leurs terres, était largement allé au-delà de la limite qui lui avait été concédée ! Le planteur burkinabé s’est approprié, à leur insu, quasiment toute les terres des Goba. Et Ossou Belem y cultive une immense plantation dont une grande partie comprise dans le domaine des Goba est entrée en pleine production.
Lorsque le fils Dallo Goba Pierre, Goba Bléouan interpelle Belem Ossou sur l’extension de son champ sans leur accord préalable, très rapidement, la tension monte et les deux hommes manquent d’en arriver aux mains. En ce moment de la traite cacaoyère, Belem Ossou s’empresse d’alléguer qu’il a d’ailleurs été victime de vol de cabosses de cacao. Goba Bléouan est alors le coupable tout trouvé de ces vols, vu qu’il revendique une portion « qui ne lui appartient pas ». C’est dans cette atmosphère très tendue que les deux planteurs regagnent le village de Gribouo.
Dès leur arrivée, Belem Ossou, le burkinabé saisit les chasseurs Dozos du différend qui l’oppose à Goba Bléouan. Tout de suite, les dozos, qui s’autorisent les rôles et fonctions de police judiciaire, se déportent au domicile des Goba. Ils mettent la main sur Goba Bélouan, qu’ils ligotent soigneusement et tentent de l’emmener à leur base. Mais ils font face à une implacable opposition des populations, en particulier des jeunes du village de Gribouo. L’arrestation de Bléouan échoue. Les dozos se retirent du village.
Mais ce n’est qu’un repli tactique… Ils n’en démordent pas. Tard dans la nuit, « aux environs de 23 h, ils reviennent à la charge avec du renfort », selon des témoins direct des faits. « Lorsqu’ils sont arrivés dans le village endormi, ils ont encerclé la maison de Dallo Goba Pierre. Il y avait son frère, du nom de Brouté Madou. Celui-ci tente une fois de plus de s’opposer », raconte notre source. Mal lui en pris. « Un dozos ouvre le feu sur lui. Mortellement atteint, il s’écroule ».
Toujours selon notre interlocuteur, un autre dozos vise directement le père, Dallo Goba Pierre, 58 ans. Il est tué sur le coup. Guédé Gnapoh, la quatrième victime, un cousin de Dallo Goba Pierre est abattu devant sa porte. Goba Bléouan Jean, le fils, qui tentait de prendre la fuite, à son tour, a été prise pour cible. Trois autres personnes, selon nos sources, n’ont pas échappées à la fusillade. Il s’agit, notamment, de Dafra Guédé Émile dit Akénon, président des jeunes du village de Gribouo, Guédé Gnapoh Elysé et Goba Serge, grièvement blessés par balles, ont étés conduits, au seuil de la mort, à l'hôpital général de Buyo. Face à l’intensité des tirs, les populations se terrent dans leur maisons. D’autres fuient vers la brousse environnante.
Mais, les « assaillants » sans être inquiétés, poursuivaient la chasse à l’homme dans le village, ouvrant le feu sur tout ce qui bouge… Le commandant de brigade de Buyo saisi la même nuit, s'est rendu sur les lieux avec ses éléments pour tenter de ramener le calme dans le village. Le préfet, le Député et le commissaire de police de Buyo, accompagnés de médecins légistes et des éléments des pompes funèbres de Buyo se sont rendus, également à Gribouo, le mardi 15 octobre 2013. Huit (8) dozos présumés tueurs ont été interpelés par la gendarmerie sur ordre du préfet » avons-nous appris.
Mais, la tension, selon nos sources, n’était toujours pas retombée, hier en fin d’après-midi.
Buyo: Les dozos endeuillent la population - Photo à titre d'illustration