Deux personnes ont été tuées lundi dans des affrontements entre gendarmes et populations d'une localité de la région anglophone du Nord-Ouest, a-t-on appris lundi auprès d'un responsable de l'opposition.
"Les affrontements ayant éclaté dans un village de la zone de Kumbo (nord-ouest) ont fait deux morts et quelques blessés, dont un grave", a rapporté Joseph Banadzem, député du Social Democratic Front (SDF, opposition), joint de Yaoundé par téléphone.
Le gouvernement, dans un communiqué publié lundi, avait faiti état d'un seul mort.
Les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest vivent un regain de tensions depuis novembre 2016 et la crise provoquée par la contestation anglophone au Cameroun.
Une grève des avocats, suivie de celle des enseignants qui a fortement perturbé l'année scolaire, a dégénéré en crise socio-politique dans les deux régions anglophones. Certains anglophones exigent le retour au fédéralisme, d'autres réclament la partition du pays.
La rentrée scolaire, lundi, a été timide dans ces régions, tandis qu'un fort déploiement policier a été constaté dans la capitale du Sud-Ouest, lundi, par un journaliste de l'AFP.
A Kumbo, les heurts ont éclaté lorsque le "commandant de la compagnie de gendarmerie" a exigé une somme de "2 millions de francs CFA (environ 3.000 euros)" à un cultivateur de cannabis", selon M. Banadzem.
Kumbo est située à environ 80 km de Bamenda, chef-lieu de la région du Nord-Ouest.
"Il a sorti son armé et a tiré. Un écolier de 16 ans, le fils du cultivateur, est mort sur le coup", a relaté le député d'opposition, précisant qu'une seconde personne avait succombé à ses blessures.
Lundi soir, le ministre de la Défense, Joseph Beti Assomo, avait fait état d'un seul mort à la suite d'"un malheureux incident" survenu lors d'"une opération de lutte contre les stupéfiants", indiquant que le commandant de compagnie de Bui, le département de Kumbo, avait été suspendu "à titre conservatoire".
"Le commandant de compagnie et ses éléments ont été pris à partie par des populations armées de fusils de fabrication artisanale qui s'opposaient au bon déroulement de leur mission", avait indiqué M. Beti Assomo.
"Au cours des échauffourées (...), les populations ont fait usage de leurs armes, blessant grièvement un gendarme", a-t-il souligné. "En réaction, ces gendarmes, agissant en légitime défense, ont ouvert le feu, blessant accidentellement un des assaillants qui a rendu l'âme".
Depuis novembre 2016, la minorité anglophone - environ 20% de la population camerounaise estimée à 22 millions - proteste contre ce qu'elle considère comme une marginalisation. Certains anglophones exigent le retour au fédéralisme, d'autres réclament la partition du pays.
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