Un Tunisien a été "assassiné" après son enlèvement au Cameroun en zone anglophone, premier étranger tué dans cette région en proie à des violences depuis plusieurs mois, a annoncé mardi le gouvernement camerounais.
Un autre Tunisien et deux Camerounais enlevés en même temps, ont en revanche été libérés lors d'une "opération spéciale" lancée mardi matin par l'armée camerounaise.
Cette opération "a permis la libération de trois des employés (d'une) société tunisienne enlevés le 15 mars par des terroristes" dans la région anglophone du Sud-Ouest, dont "un ingénieur tunisien", selon un communiqué du gouvernement. "Le deuxième ingénieur tunisien" a été "assassiné par ses ravisseurs".
Le texte, signé du ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Issa Tchiroma Bakary, affirme qu'au cours de cette opération, "quatre terroristes ont été neutralisés (tués)".
"Nos forces ont récupéré la dépouille mortelle du deuxième ingénieur tunisien", ajoute-t-il en affirmant que les ravisseurs, non identifiés, avaient "menacé d'exécuter les otages si une rançon ne leur était pas versée dans les 24 heures".
C'est la première fois qu'un étranger est tué en zone anglophone, mais ces dernières semaines, les séparatistes de cette zone qui regroupe les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, avaient menacé de s'attaquer aux entreprises étrangères qui y sont présentes.
Un haut fonctionnaire de l'administration camerounaise enlevé samedi dans la même région du Sud-Ouest, avait été libéré lundi.
Les deux ingénieurs tunisiens et les deux "techniciens" camerounais étaient employés par "la société tunisienne Soroubat", une entreprise du secteur des BTP, et avaient été enlevés "alors qu'ils travaillaient à la construction de la route Kumba-Isangule (sud-ouest)", a indiqué le ministre.
- Groupes armés -
Il "présente au gouvernement et au peuple frère de Tunisie, ainsi qu'à la famille du défunt, les condoléances les plus attristées du chef de l'Etat", Paul Biya. Il les assure également "de la détermination des autorités camerounaises à rechercher et à traduire en justice les terroristes encore en fuite et leurs commanditaires".
L'enlèvement de deux de ses ressortissants avait été été annoncé lundi par le gouvernement tunisien dans un communiqué. Il précisait qu'ils avaient été enlevés "par un groupe armé dans le sud-ouest du Cameroun".
Les deux régions anglophones du Sud-Ouest et du Nord-Ouest, qui regroupent 20% de la population camerounaise, sont secouées depuis plus d'un an par une profonde crise politique sur fond de revendications sociales et économiques vis-à-vis de l'élite francophone qui dirige le pays.
Plusieurs groupes armés séparatistes y mènent régulièrement des attaques meurtrières contre les forces de l'ordre, l'armée et la police.
La situation sécuritaire des régions anglophones du Cameroun s'est considérablement dégradée depuis que 47 séparatistes, dont leur leader, Sisiku Ayuk Tabe, ont été extradés, fin janvier, du Nigeria vers le Cameroun.
Lors d'une "mission de paix" dans la zone anglophone, entamée au lendemain vendredi de l'enlèvement des deux Tunisiens, le nouveau ministre camerounais de l'administration territoriale (Intérieur), Paul Atanga Nji, avait demandé aux "séparatistes violents" de se "reconvertir".
Mais le lendemain, quatre personnes avaient été blessées dans le village d’Alou (Sud-Ouest), au cours d'une attaque perpétrée par des individus armés non identifiés contre un convoi de voitures accompagnant le ministre délégué auprès du ministre de l'Economie, Paul Tasong, selon des sources proches des milieux de la sécurité.camerounaise.
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