Le ministre de l’intérieur, Hamed Bakayoko, N° 2 du gouvernement Ouattara, exclu toute nouvelle modification du projet de loi du gouvernement sur la nouvelle commission électorale indépendante (CEI).
Il l’a dit hier, avec force, devant la presse nationale et internationale qu’il a invitée à son cabinet. « Nous n’avons pas l’intention de renégocier ce texte. Nous partons au Parlement pour le défendre. Et je souhaite sortir du Parlement avec le texte que j’y enverrai », a-t-il martelé tout au long de ses échanges avec les journalistes.
C’est que pour M. Bakayoko, la nouvelle CEI proposé par le régime Ouattara, contrairement aux critiques qui fusent de toutes parts, « est équilibrée ». A l’opposition qui dénonce une surreprésentation du pouvoir et de ses démembrements, la réponse du ministre est sèche.
« Le pouvoir n’a jamais été aussi sous-représenté ». Idem pour la société civile qui, elle, se plaint d’être sous-représentée. « La société civile n’a jamais été aussi bien représentée dans une CEI dans notre pays », a répondu le ministre. Et comme argument, pour soutenir sa position, le conférencier s’est appuyé sur un tableau comparatif des différentes commissions électorales ayant existé en Côte d’Ivoire depuis 2001.
Commentant ce tableau, et notamment la composition de la CEI de 2001, M. Bakayoko ne s’est pas empêché d’envoyer des piques au Front populaire ivoirien (FPI) et à son président, Pascal Affi N’Guessan.
En effet, pour Hamed Bakayoko, alors qu’2001, il n’y avait pas de crise, les institutions de l’Etat avaient 9 représentants au sein de la CEI. Il s’agissait notamment du président de la république, du président de l’Assemblée nationale, du président du conseil économique et social, du conseil supérieur de la magistrature, du ministre chargé de l’intérieur et de ceux chargés de la sécurité, de l’économie et des finances et de la défense.
« Or, dans notre projet, nous n’avons retenu que 4 représentants des institutions », s’est-il défendu. Le ministre de l’Intérieur s’est aussi vanté d’avoir exclu tous les groupes de la rébellion armée dont l’existence était liée à la crise. A un journaliste qui lui a demandé pourquoi la présence de religieux dans une commission chargé d’organiser des élections, le conférencier a rétorqué par la question suivante : « Pourquoi pas ? ». Avant d’expliquer que pour lui, ce sont des Ivoiriens qui peuvent apaiser les choses et favoriser le rapprochement.
Et pour que personne de se méprenne sur sa volonté de faire adopter son texte en l’état, Hamed Bakayoko a annoncé un calendrier extrêmement serré. Il prévoit l’envoi du projet de loi au Parlement dès l’ouverture de la prochaine session parlementaire, à la fin de ce mois. Sûr de son fait, il pense que courant juillet, cette CEI version Ouattara sera mise en place. Et le ministre de l’Intérieur d’annoncer sur un ton quasiment martial : « Les élections auront bel et bien lieu en octobre 2015 ». A bon entendeur salut !
CEI Taillée sur mesure : Le régime Ouattara ne veut pas renoncer à son projet - Photo à titre d'illustration