Les rebelles de l’est de la République Démocratique du Congo (RDC) ont annoncé un cessez-le-feu unilatéral qui débutera ce mardi, apportant un soulagement bienvenu aux négociateurs qui appelent à la fin des violences.
La coalition rebelle dirigée par le M23, responsable de l’occupation d’une large partie de la province du Nord-Kivu, y compris la ville de Goma, a publié un communiqué lundi soir, expliquant que la trêve qu’elle a vient de décréter unilatéralement est motivée par des raisons humanitaires.
Ce cessez-le-feu permettra aux travailleurs humanitaires d’accéder aux civils blessés, encore pris au piège dans les zones de conflit, et offrira à des milliers d’entre eux la possibilité d’évacuer les régions en proie aux combats entre les rebelles et les forces congolaises, ces dernières ayant perdu du terrain face à l’avancée du M23.
Mais la question demeure : combien de temps cette pause durera-t-elle ?
Au regard des nombreux cessez-le-feu précédents, souvent éphémères et rapidement violés, il est difficile de croire que ce dernier instaurera une paix durable. Beaucoup de ces trêves ont été annulées à la moindre provocation, souvent suivies de reprises immédiates des hostilités.
Les négociations menées depuis un an par le président angolais João Lourenço n’ont pas permis d’aboutir à un véritable cessez-le-feu durable, ni à une trêve prolongée qui pourrait résoudre le conflit. Un cessez-le-feu annoncé en août dernier a vite été abandonné après que les combats aient repris avec plus de vigueur.
Bien que la coalition rebelle, composée de plus de 100 milices, exprime sa volonté d’engager un dialogue avec le gouvernement congolais, elle a aussi assuré qu’elle se défendrait en cas d’attaque.
Les dirigeants de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC) organiseront un sommet vendredi prochain pour tenter de garantir le respect de ce cessez-le-feu unilatéral, alors que les craintes d’une intensification du conflit, avec des répercussions pour toute la région, augmentent.
Le silence du gouvernement congolais après l’annonce des rebelles complique l’évaluation de l’état des relations entre les deux camps. Selon des rapports, la situation sur le terrain dans l’est de la RDC demeure extrêmement tendue.
En début d’année dernière, le M23 avait promis de ne pas avancer sur Goma, et de la même manière, avait juré de ne pas marcher sur Bukavu. Cependant, les événements récents, notamment la prise de Goma, montrent que les promesses de cessez-le-feu en RDC sont fragiles et peu fiables.
Certains observateurs internationaux estiment que cette nouvelle trêve pourrait simplement être une tactique du M23 pour gagner du temps et renforcer ses positions avant une nouvelle offensive.
Les négociations visant à résoudre ce conflit opposent deux puissants adversaires : le gouvernement du président Félix Tshisekedi et les autorités rwandaises, représentées indirectement par les dirigeants du M23.
La relation entre Tshisekedi et son homologue rwandais, Paul Kagame, est loin d’être amicale. Les deux dirigeants se retrouvent dans un face-à-face complexe, où le Rwanda est accusé de soutenir les rebelles, tandis que Kigali accuse Kinshasa de négliger les persécutions contre les Tutsis par les milices hutues, liées au génocide de 1994.
Ce conflit, qui a causé plus de 1.000 morts et forcé près de 400.000 personnes à fuir leurs foyers, est loin de trouver une issue claire, malgré les nombreux efforts diplomatiques.
Cessez-le-feu en RDC : combien durera la paix ? - Photo à titre d'illustration