La Côte d'Ivoire qui dépend beaucoup de l'extérieur en matière d'autosuffisance alimentaire doit revoir sa politique de production dans tous les secteurs.
Le vieil adage est toujours vrai : ''On n'est jamais mieux servi que par soi-même''. La Côte d'Ivoire qui connaît, depuis plusieurs années, une flambée des prix des denrées alimentaires et des produits de grande consommation, doit tirer des leçons de sa dépendance des pays étrangers en matière d'autosuffisance alimentaire. Que ce soit le riz ou les protéines animales et végétales, la première puissance agricole en Afrique -selon le rapport 2017 de l'Institut Havas Horizon- continue d'importer pour nourrir sa population.
Entre 2008 et 2015, la Côte d'Ivoire a importé au total 7.639.570 tonnes de riz blanchi, selon les chiffres de l'Office national de développement de la riziculture (Ondr). Pour un pays à vocation agricole, il n'y a pas de quoi être fier de ces chiffres. En ce qui concerne le manioc, la pénurie de 2016,due à la forte exportation de l’attiéké -mets très prisé fait à base de semoule de manioc- a mis à nu la fragilité du marché.
Les autorités qui ont pris conscience de la menace d'une insécurité alimentaire, ont tout de suite rectifié le tir. Décidant de labelliser l’attiéké qui est exporté à travers le monde. Au Texas, aux Etats-Unis, le paquet d’environ 500 FCFA sur le marché ivoirien est vendu à près de 5.000 FCFA. En Europe, notamment en France, ce même volume est cédé à deux ou trois fois le prix pratiqué en Côte d’Ivoire. Pour stabiliser le prix du manioc sur le territoire national, le gouvernement ivoirien a accru les unités de transformation. ce qui s'est révélé comme une source d’emplois.
En plus, il a été mis en place un dispositif afin que les demandes extérieures soient intégrées dans le schéma de production agricole du pays. Pour soutenir le savoir-faire de fabrication traditionnelle des produits de manioc, le gouvernement ivoirien a mis en place une stratégie visant à accroître la transformation pour un montant global de 1,675 milliard de FCFA. Le projet comprend trois volets.
Le premier a trait à l’environnement et à la réglementation pour un coût de 1,04 milliard FCFA. Il vise à formaliser et à structurer la filière manioc, à introduire des systèmes de mécanisation dans les plantations et à promouvoir l’exploitation moderne de type industriel. Le second volet concerne les investissements estimés à 340 millions de FCFA.
Il devrait permettre de soutenir la mécanisation des différentes étapes de la transformation de manioc, améliorer la qualité et la productivité ainsi que la promotion du transport du manioc et de des produits dérivés. Le troisième volet, lui, porte sur le renforcement des capacités. L’Etat veut à travers la formation des acteurs de la filière promouvoir les bonnes pratiques, appuyer la recherche et le développement au plan financier et dans le transfert des technologies.
Si ces mesures ont permis de soulager les consommateurs et d'éviter au pays une crise alimentaire, elles sont surtout la preuve qu'en organisant les filières agricoles, ont peut créer de la valeur ajoutée.
La leçon de la crise de l'Attiéké, en 2016
La Côte d'Ivoire qui excelle dans la production de matières premières d'exportation telles que le cacao, l'anacarde, l'huile de palme, l'hévéa, etc. gagnerait à mettre davantage l'accent sur le développement des cultures vivrières, si elle ne veut pas se mordre les doigts. La récente chute mondiale des cours des matières premières exportées par la plupart des pays africains a montré que nos économies sont très vulnérables. Il est donc clair que la Côte d'Ivoire, à l'instar des autres pays africains, ne doit plus continuer à produire en abondance ce qui n'est pas consommé localement.
Cherté de la vie, insécurité alimentaire... : Et si les solutions étaient tout près ! - Photo à titre d'illustration