La Chine a décidé mardi d'imposer des droits de douane sur 60 milliards de dollars d'importations américaines, en réponse aux sanctions décidées par Washington la veille.
La surenchère continue. La Chine a riposté, mardi 18 septembre, aux nouveaux droits de douane décidés par Washington la veille. Pékin a annoncé la mise en place de taxes sur 60 milliards de dollars de biens américains importés, dès lundi 24 septembre.
Cette fois-ci, la superpuissance asiatique s'attaque à des importations aussi diverses que les machines-outils, les produits agricoles, les composants chimiques ou encore le gaz naturel liquéfié. "C'est une réponse forcée à l'unilatéralisme et au protectionnisme américain", a expliqué le ministère chinois des Affaires étrangères.
En attendant Boeing
"Les autorités chinoises prennent le risque de l'affrontement total", analyse Jean-François Dufour, spécialiste de l'économie chinoise et directeur du cabinet de conseil DCA Chine-Analyse, contacté par France 24. À l'issue de ce nouveau round dans le match des droits de douane, l'avenir du commerce entre les deux pays semble, en effet, plus compromis que jamais. Depuis le début du conflit en janvier 2018, la Chine a imposé des tarifs douaniers sur près de deux tiers des importations américaines, tandis que les États-Unis ont décidé de taxer plus de la moitié des biens importés de Chine.
Surtout, la nouvelle liste montre que le gouvernement est prêt à taxer des catégories de biens jusque-là épargnés. En particulier ceux dont la baisse des importations va nuire au grand dessein chinois de montée en gamme technologique et scientifique. "Ce qui est frappant cette fois-ci, c'est l'inclusion des composants chimiques, dont la Chine a besoin pour ses propres programmes de recherche et développement", note ainsi Jean-François Dufour.
Mais Pékin a aussi décidé de préserver un secteur stratégique : celui de l'aéronautique, qui n'est pas encore touché par la dernière salve de sanctions. Il faut dire que c'est dans ce domaine que les échanges commerciaux avec les États-Unis sont les plus fructueux pour la Chine, grâce aux nombreux transferts de technologie. "C'est essentiel pour le projet – jugé prioritaire par Pékin – de développer le secteur aéronautique national", confirme Jean-François Dufour.
La Chine ne semble pas donc encore décidée à s'attaquer à Boeing, alors que l'aéronautique constitue le premier poste d'exportation vers la Chine pour les États-Unis. Sans doute une façon de garder un moyen de pression sur Donald Trump si celui-ci décidait de frapper encore plus fort.
Tracasserie administrative et boycott
Mais pour mettre des bâtons dans les roues des Américains, Pékin dispose d'autres outils que les droits de douane. Le Wall Street Journal rapporte que des entreprises américaines installées en Chine sont la cible de contrôles plus fréquents et plus tatillons qu'auparavant. "La tracasserie administrative est une technique chinoise éprouvée en cas de conflit commercial", souligne Jean-François Dufour.
Pour cet expert, Pékin peut aussi lancer des appels au boycott contre les produits d'origine américaine, notamment les voitures. "Le Japon et la Corée du Sud en ont déjà fait les frais par le passé", rappelle-t-il. L'objectif, selon lui, est de pousser le monde américain des affaires, déjà hostile à ces droits de douane, à accentuer la pression sur Donald Trump. L'auteur de "The art of the deal" ("L'art de la négociation") sera peut-être sensible aux récriminations de chefs d’entreprise se plaignant, justement, qu'en Chine faire des "deals" est devenu compliqué.
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