Le film rwandais "The Mercy of the jungle" (La miséricorde de la jungle), de Joël Karekezi, a remporté samedi l'Étalon d'Or de Yennenga du 26e Fespaco, une édition marquée par la révélation d'agressions sexuelles contre les femmes dans le cinéma africain.
« C’est un grand honneur pour moi, toute mon équipe et toute cette jeune génération, on va continuer à faire des films », a déclaré le cinéaste de 33 ans après la cérémonie de clôture du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco).
« C’est magnifique ! Il y a travaillé des années, il s’est créé tout seul », en apprenant « le cinéma sur internet », « c’est un scénario très fort », a déclaré son producteur Aurélien Bodinaux.
Le film suit la dérive de deux soldats rwandais perdus dans la jungle lors de la deuxième guerre du Congo en 1998. Plus qu’un film de guerre, il s’agit d’une réflexion sur l’absurdité de ce conflit terriblement meurtrier, comme de toutes les guerres, magnifiée par des images superbes de la jungle du Kivu.
Joël Karekezi « a grandi lui-même dans les camps de réfugiés à la suite du génocide rwandais » de 1994, a expliqué son producteur.
« C’est un film sur la vie et sur la paix », a confié le réalisateur.
Le film rafle aussi le prix d’interprétation masculine décerné à Marc Zinga (Les rayures du zèbre, Dheepan) pour son rôle du Sergent Xavier, un soldat épuisé par les guerres sans fin, interprété avec puissance et justesse.
Le trophée a été remis en présence du président rwandais Paul Kagame, le Rwanda étant le pays invité du Fespaco cette année.
L’Étalon d’argent récompense « Karma », de l’Égyptien Khaled Youssef, et l’Étalon de bronze va à « Fatwa », de Ben Mohmound (Tunisie).
Le prix d’interprétation féminine revient à Samantha Mugotsia, pour son rôle dans « Rafiki », de la Kényane Wanuri Kahiu. Ce film, projeté à Cannes en 2018, avait été censuré dans son pays parce qu’il racontait une histoire d’amour entre deux femmes.
Polémique
« Desrances » de la Burkinabè Apolline Traore, qui a remporté un franc succès auprès de son public, ne remporte qu’un prix technique (décors).
L’édition du cinquantenaire du Fespaco n’aura donc pas récompensé une femme, à l’instar des 25 Fespaco précédents depuis la création du festival en 1969. Une étrangeté qui a provoqué une polémique, de nombreuses voix s’élevant pour qu’une femme soit primée...
e cinéaste rwandais Joël Karekezi, lauréat du 26ème Fespaco, avec le trophée de l'Etalon d'Or de Yennenga, à Ouagadougou le 2 mars 2019. © ISSOUF SANOGO/AFP