Cissé Sindou, Ex-Directeur de Cabinet du SG des FN : Aucun Ivoirien n'a le droit d'oublier les 19 Septembre.

  • 19/09/2013
  • Source : nordsudquotidien.com

Le 19 septembre 2002 marque le début de la rébellion qui a consacré la division de la Côte d’Ivoire en deux parties. Cissé Sindou, ex-directeur de cabinet du secrétaire général des ex-Forces nouvelles, tout en se souvenant de cet épisode douloureux, onze ans après, lance un appel aux extrémistes de tous bords.
 
Le 19 septembre 2013 marque la commémoration de l’éclatement de la rébellion des Forces nouvelles en Côte d’Ivoire. Au moment où la Côte d’Ivoire se retrouve dans une phase de réconciliation entre ses fils, que vous inspire cette date ?
La date du 19 septembre 2002 marque le début d’une longue marche vers la démocratisation véritable de la Côte d’Ivoire. A la faveur de la révolution de septembre 2002 qui a duré huit ans, les Ivoiriens ont eu l’occasion de se mesurer par les idées, les stratégies politiques et militaires pour arriver à des accords multiples dont la dernière en date est l’Accord politique de Ouagadougou qui a tracé les voies d’un règlement pacifique du différend ivoiro-ivoirien par des élections libres, justes, transparentes et ouvertes à tous en 2010. Ces élections ont décidé du choix de son excellence, Alassane Ouattara, comme président de la République de Côte d’Ivoire. Nous pensons que le peuple souverain de Côte d’Ivoire a fait un bon choix car le président élu a choisi comme maître-mot la réconciliation et ses actions en faveur de la réconciliation sont légion.
 
Les antagonismes sont encore perceptibles. Que pensez-vous qu’il faille faire aujourd’hui ?
Nous pensons très honnêtement que la belligérance est derrière nous, à partir du moment où il y a un président élu qui est représentatif de l’ensemble des Ivoiriens. La belligérance est terminée, à partir du moment où les deux armées qui se combattaient hier, sont réunifiées au sein des Forces républicaines de Côte d’Ivoire avec un et seul chef d’état-major général, avec un et seul ministre de la Défense, avec un et seul ministre de l’Intérieur et de la sécurité. Cependant, les antagonismes idéologiques et politiques demeurent. Et cela doit être vu sous l’angle de la diversité et de la pluralité des idées qui, pour nous, doivent enrichir le débat démocratique dans un climat apaisé. Aujourd’hui, il importe que tous les Ivoiriens, toutes tendances politiques confondues, puissent privilégier l’intérêt commun qui est la Côte d’Ivoire. Et la meilleure façon de la privilégier est de tourner le dos à la défiance, aux invectives et aux complots contre la République.
 
Que pouvez-vous dire aux extrémistes de tous bords politiques ?
Quand l’on a fait l’expérience de la violence et qu’on a frôlé le chaos, je pense qu’on ne doit avoir d’yeux que pour la paix et pour la vie. Maintenant, s’il existe encore des extrémistes, je voudrais leur demander de se raviser. J’invite tous les Ivoiriens à suivre la voie tracée par la président de la République qui, malgré toutes les formes d’humiliations qu’il a connues, prêche et agit pour le pardon. Je voudrais également inviter les jeunes car en parlant d’extrémistes, c’est à eux que l’on fait allusion, à se joindre à la caravane de cohésion et de réconciliation entamée par son excellence monsieur le président de l’Assemblée nationale, Guillaume Kigbafori Soro. Pour ce qui est de la jeunesse dite Lmp (proche de l’ex-chef de l’Etat, Laurent Gbagbo), qui reste pour nous une jeunesse ivoirienne, je lui demande de privilégier la recherche d’emploi qui est la meilleure voie de reconversion sociale.
 
Pensez-vous que la réconciliation nationale est possible ?
La réconciliation est un impératif pour la Côte d’Ivoire. Ce qui est arrivé en Côte d’Ivoire n’est ni plus, ni moins dramatique que ce que l’Afrique du sud a connu. Ce n’est pas non plus pire que la France de 1789. Mais, aujourd’hui ces pays sont des nations paisibles, démocratiques et sont citées en exemple. La réconciliation en Côte d’Ivoire doit reposer sur le partage équitable de la confiance. Et pourquoi devrait-on en douter, à partir du moment où le président de la République lui-même en a fait une priorité, en créant une institution qui y est consacrée, à savoir la Cdvr ? A cela, s’ajoute l’engagement du président de l’Assemblée nationale à se constituer en apôtre de la réconciliation. La réconciliation nationale, moi j’y crois personnellement.
 
Le leader des Forces nouvelles est aujourd’hui président de l’Assemblée nationale. Quel commentaire faites-vous de son engagement à prôner la paix et le pardon dans le pays ?
Je voudrais parler du leader des Forces nouvelles avec respect. En tant que secrétaire général des Forces nouvelles, il a donné et continue de donner l’exemple d’un grand chef. Il a su juguler les contradictions là où il y en avait, créant ainsi une harmonie au sein de la grande famille de Forces nouvelles. Aujourd’hui, il est le président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire et en tant que tel, sa responsabilité est nationale. Après les réformes physiques et institutionnelles qu’il a apportées à notre Assemblée nationale pour la repositionner au sein des parlements de l’Afrique francophone, nous pensons que le rôle d’apôtre de la paix et du pardon est salutaire. Le parlement étant la représentation nationale, son président doit pouvoir conduire une mission nationale, surtout qu’à terme, cela favorisera le renforcement de la stabilité, l’acceptation mutuelle dans la différence et la réconciliation des Ivoiriens.
 
En cette date anniversaire du 19 septembre, quelles sont vos recommandations aux Ivoiriens ?
La crise qu’a vécue la Côte d’Ivoire, a fortement augmenté la capacité d’analyse et de discernement politique de nos concitoyens. La détermination des uns et des autres a fini par produire des résultats. Dans un tel contexte, il faut éviter la sous-estimation et la frustration. Aucun Ivoirien n’a le droit d’oublier la date du 19 septembre 2002 et ses acteurs, notamment le premier responsable Guillaume Kigbafori Soro. Je voudrais traduire mon admiration pour Guillaume Soro et avec lui tous ceux qui, militaires, politiques et sociétés civiles ont pris part à la réussite de la révolution ivoirienne. Aujourd’hui, le cap est mis sur l’émergence à l’horizon 2020 avec son excellence monsieur le président de la République Alassane Ouattara.
 
Réalisée par Marc Dossa