Bâties il y'a des décennies, dans la capitale ivoirienne, ces cités, qui faisaient, jadis, la fierté des citoyens modestes ne font plus rêver.
Aux lendemains des indépendances, l'Etat de Côte d'Ivoire a entrepris de donner un toit à chacun de ses citoyens. Pour réaliser cette volonté politique, le gouvernement ivoirien a mis à contribution ses spécialistes en la matière, des sociétés à capitaux publiques.
C'est ainsi que les sociétés ivoiriennes de construction et de gestion immobilière (SICOGI), de promotion immobilière (SIPIM) et de gestion financière et de l'habitat (SOGEFIHA), ont rivalisé d'ardeur pour offrir à la ville d'Abidjan des logements dignes d'une capitale.
Ainsi, sont sorties de terre surtout des maisons basses en bande, et des appartements à la grande joie des cadres moyens de l'époque pouvant s'offrir des cadres de vie agréables. Tous les quartiers ont été servis pour donner corps à la politique de logement, chaque citoyen, un toit.
D'Adjamé avec les cités comme les 220 logements ou la cité des arts dans la commune chic de Cocody ou encore les 4 étages d'Abobo, pour ne citer que ceux-là, ont illuminé la perle des lagunes.
En location-vente généralement, ces logements sont devenus, au fil des années la propriété de ceux qui les habitent. Eux qui devaient s'organiser pour les entretenir. Que nenni.
L'embellie s'est réduite comme peau de chagrin, laissant des images désolantes de bâtisses aux murs défraîchies, de l'extérieur et aux commodités désuètes de l'intérieur, avec des escaliers branlants et des ascenseurs (dans certains immeubles), qui ont poussé leur dernier soupir depuis belles lurettes.
Ils n'ont plus fière allure, ces immeubles qui faisaient la fierté d'Adjamé. Ces bâtisses qui permettaient à ces quartiers dites cités dortoirs de ne pas pâlir devant le chic de cocody. La gestion communautaire a eu raison de leur beauté. Toute beauté nécessitant des soins, le hic ici est , qui doit payer pour que les immeubles comme les grands et petits blocs, la grande housse etc ; d'Adjamé ou de cocody retrouvent leur lustre d'antan ?
Des comités de gestion mis à rude épreuve
Des comités de gestion ont vu le jour dans les différentes cités, après les rachats des logements aux sociétés qui les ont bâtis. Avec pour missions principales l'amélioration du cadre de vie. Mais il faut mettre la main à la poche pour nourrir un tel dessein.
Ce que rechignent à faire souvent bon nombre d'occupants (propriétaires comme locataires) de ces bâtisses. Résultat, ces comités de gestion pour la propreté, un meilleur cadre de vie, sont réduits à la collecte de petites pièces destinées aux consolations dans le malheur et l'accompagnement dans la joie. On les appelle : « rassemblements de joie ou de tristesse ».
En effet, ces comités de gestion ne se réunissent, disons plutôt n'atteignent leur quorum de réunion selon les propos de certains habitants de ces cités, que lorsqu'il y a décès ou mariage chez l'un des propriétaires ou locataires.
Etablis et investis pourtant avec les pleins pouvoirs, ces comités de gestion chargés de l'entretien des espaces communautaires semblent ne pas être à la hauteur des attentes. En cause, comme le dénonce par exemple le comité de gestion des 220 logements dans la commune d'Adjamé, l'associabilité de plusieurs habitants.
Qui rejetteraient du revers de la main tout projet ou action nécessitant des espèces sonnantes : « Il y'a des gens qui sont difficiles à vivre, ils veulent tout recevoir des autres et ne rien donner en échange. Ils refusent les actions communes», nous a confié un membre de ce comité de gestion que nous avons joint au téléphone et qui a préféré gardé l'anonymat.
Le refus de cotiser pour s'offrir un cadre de vie saint, agréable, est-ce une seconde nature de l'ivoirien qui semble ne pas avoir une conscience véritable de la notion de salubrité ? Toujours est-il que « les beautés » sorties de terre au début des indépendances dans presque toutes les communes d'Abidjan aujourd'hui district, ne sont plus que l'ombre d'elles-mêmes.
Que fait le ministère de la Construction du Logement, de l'Assainissement et de l'Urbanisme ?
Si depuis l'année dernière, le gouvernement à travers le ministère de la construction, du logement, de l'assainissement et de l'urbanisme a entrepris une campagne de sensibilisation pour le revêtement des murs des établissements publics nationaux. Les bâtisses privées elles, ne semblent pas être visés par cette décision. Pourtant, le problème est réel à ce niveau.
Le gouvernement, dans sa vision d'assainissement et d'amélioration du cadre de vie des ivoiriens devrait prendre à bras le corps ce qui apparait, aujourd'hui comme un véritable problème de salubrité.
Le gouvernement a certes, entrepris une véritable politique de logements sociaux mais, il doit aussi et surtout dans le sens de l'amélioration du cadre de vie des ivoiriens penser une politique d'assainissement dans les quartiers en collaboration avec les municipalités. Car un cadre de vie sain passe nécessairement par l'entretien de son lieu d'habitation.
Namidja Touré
Cocody Cité des Arts, 220 logements Adjamé...Ces belles cités, qui ne font plus rêver - Photo à titre d'illustration