Le 11 avril 2011, la volonté du peuple ivoirien traduite dans les urnes, le 28 novembre de la même année, avait pu enfin s’exprimer.
Le droit s’est imposé grâce à une mobilisation des forces démocratiques de la Côte d’Ivoire soutenues par la communauté internationale qui, à l’unanimité, a apporté son soutien à travers diverses résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies, notamment la 1975 de mars 2011, qui avait prévu des sanctions ciblées à l’encontre de Laurent Gbagbo et de son proche entourage.
Celle-ci avait également révélé la possibilité de la Cour pénale internationale d’intervenir en Côte d’Ivoire: ‘’ les attaques qui se perpètrent actuellement en Côte d’Ivoire contre la population civile pourraient constituer des crimes contre l’humanité et que leurs auteurs doivent être tenus responsables au regard du droit international, et notant que la Cour pénale internationale peut, en se fondant sur le paragraphe 3 de l’article 12 du Statut de Rome, décider de sa compétence concernant la situation en Côte d’Ivoire’’.
En décembre 2011, Paul Yao N’Dré, président du Conseil constitutionnel, annule le vote dans plusieurs départements du nord et proclame Laurent Gbagbo vainqueur de la présidentiel avec 51% des voix, travestissant ainsi, l’expression des Ivoiriens qui avaient porté leur choix sur le candidat Alassane Ouattara, faisant de lui le nouveau Président de la République de Côte d’Ivoire avec 54% de voix.
Face au refus de Laurent Gbagbo de céder le pouvoir, la Côte d’Ivoire tombe dans une crise qui a fait 3000 morts, selon les chiffres officiels. Le 11 avril 2011, il est mis aux arrêts par les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci).
3 ans après cette date, c’est la porte ouverte à toutes les manipulations de l’histoire. Certains leaders de l’opposition voient les faits à travers le prisme déformant de leurs intérêts partisans. Ils cherchent à donner aux événements qui se sont produits à ce moment précis, une version qui soutient une argumentation spécieuse.
Des faits inaltérables
Oubliant que les faits sont inaltérables. Il y a eu en décembre 2010, les tueries de la Rti, en mars 2011, la répression sanglante des femmes du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp) à Abobo. Il y a également les exécutions par l’article 125 (une boîte d’allumette à 25 Fcfa et du pétrole à 100Fcfa). L’intervention des Forces républicaines de Côte d’Ivoire a permis de sauver de nombreuses vies.
Le 11 avril 2011 marque la victoire de la vérité sur le deni de droit. A l’unisson, les pays du monde entier, même ceux qui ont traîné quelque fois les pieds, ont à travers les actes du Conseil des sécurité de l’Onu, dénoncé et mis fin à une tentative de détournement de résultats d’un scrutin, à une véritable forfaiture.
En effet, après tant de péripéties, l’élection présidentielle qui devrait avoir lieu en octobre 2005 a pu enfin se tenir cinq ans plus tard, soit en octobre 2010. Laurent Gbagbo qui a joué la montre n’avait plus aucune astuce pour repousser une fois encore cette échéance.
La réalité du terrain mettait aux prises, un Président sortant qui incarnait un pouvoir devenu de plus en plus indésirable pour ces pratiques anti-démocratiques, avec les interruptions intempestives des radios étrangères, les interdictions de manifester… et surtout pour son inaptitude à proposer aux Ivoiriens un cadre de développement sain, et une coalition pour le renouveau porteur d’espérance pour la Côte d’Ivoire défigurée et méconnaissable.
Le 28 novembre 2011, le peuple avait tranché, Dieu aussi. Ne dit-on pas ‘’vox populi, vox dei’’ ? Il fallait se résoudre au changement pour une alternance pacifique.
Le 11 avril 2011, comme le 11 avril 1946, avec l’adoption de la loi Félix Houphouët-Boigny par le parlement français abolissant le travail forcé de sinistre mémoire, ces héritiers redonnaient espoirs à la Côte d’Ivoire.
Le 11 avril 1946 fut le début de la lutte des peuples noirs africains pour recouvrer leur dignité piétinée et leur liberté confisquée. Pour la coalition Rhdp, on peut donc le dire, l’histoire se répétait. L’esprit du premier Président qui a inspiré cette alliance venait d’accomplir un véritable miracle politique pour le renouveau de la Côte d’Ivoire.
Les forces du mal, comme l’a reconnu Paul Yao N’Dré, étaient vaincues. L’œuvre de construction nationale pouvait reprendre avec détermination.
La Côte d’Ivoire qui reprenait rendez-vous avec la prospérité n’a pas voulu passer par pertes et profits le désastre et les grandes blessures provoquées par cette crise.
Aussi est-ce le plus logiquement du monde que le Président Alassane Ouattara a décidé de replacer la paix au centre de la stratégie de développement du pays. C’est ce qui explique que le premier acte fort qu’il a posé fut la création d’une Commission dialogue, vérité et réconciliation pour remettre la cohésion sociale au cœur de la problématique de la construction d’un Etat de droit. Il s’agit d’allier réconciliation et justice pour éviter que l’un se fasse sur le dos de l’autre. Il faut sortir de l’impunité totale.
L’agitation actuelle de l’opposition qui peut se comprendre, c’est selon, ne doit pas conduire à l’indécence d’une justification de la forfaiture. Ce qui est à l’origine de la crise, c’est un deni de droit et une volonté manifeste de se soustraire du verdict des urnes qui seul donne la légitimité et la légalité à un pouvoir.
En démocratie, c’est la force du droit qui s’impose. Il faut œuvrer pour qu’il en soit ainsi. De sorte à ce que le cri d’indignation des victimes et de la nation entière continue de répondre à celui de l’opposition qui veut falsifier l’histoire qui, pourtant, s’est déroulée sous les yeux de tous.
Etienne Aboua
Commémoration du 11 avril 2011 : La Côte d’Ivoire libérée - Photo à titre d'illustration