Travailleurs du monde paysan et rural, de la Fonction publique et du secteur privé feront entendre, demain, leurs revendications, comme il est de coutume.
Cette année, contrairement aux précédentes, la fête du Travail en Côte d’Ivoire ne se déroulera pas au Palais de la Présidence de la République. La célébration aura lieu à 10 heures, dans l’enceinte de la Primature, au Plateau, sous la présidence d’Amadou Gon Coulibaly, Premier ministre, chef du gouvernement.
Depuis 2011, le 1er mai est un rendez-vous du donner et du recevoir entre les masses laborieuses et le gouvernement. Cette année encore, on entend le gouvernement, à travers le Premier ministre, saluer les efforts du monde du travail dans la croissance économique estimée à 7%. On le voit surtout écouter les masses dans leurs aspirations légitimes.
Car chaque célébration a ses réalités. Deux actes forts pourraient bien marquer les échanges de ce 1er mai. D’un côté, le monde enseignant attend du gouvernement une contrepartie, après la reprise des cours ayant mis fin à deux mois de grèves intermittentes.
Dans l’éducation nationale, les enseignants réclamaient, faut-il le rappeler, la suppression des cours de mercredi, la finalisation du profil de carrière des enseignants du préscolaire et du primaire, l’organisation de concours exceptionnels de promotion dans les emplois de l’enseignement, la revalorisation de l’indemnité de logement.
De l’autre, on s’attend à ce que les cinq centrales syndicales, par ces temps de mévente de la noix de cajou, s’inquiètent de la crise qui pointe dans la filière et demandent au gouvernement d’intensifier ses réformes, en vue de trouver des solutions d’urgence en faveur des paysans.
En effet, une chute de 38% du prix des amandes oblige le gouvernement à fixer à 516F le Kg de l’anacarde contre 715F en 2017. Pour un pays producteur, lorsque les termes de l’échange se détériorent, les paysans payent immanquablement le prix fort. La solution ? Elle passe par la voie radicale de la transformation quasi intégrale des principales productions nationales. Il en va de l’anacarde comme du café, du cacao, du coton, de la mangue…
Le 1er mai de l’année dernière, le Chef de l’Etat, Alassane Ouattara, recevant les syndicats, avait déjà rappelé, à titre d’exemple, la signature d’un accord de financement du projet Bird-Enclave pour la compétitivité de la filière anacarde avec la Banque mondiale. Ce projet, d'un montant d’environ 110 milliards de F Cfa, contribuera à atteindre l'objectif de 50% de taux de transformation de ce produit à l’horizon 2020, contre 6 à 7% de nos jours. L’objectif visé est de valoriser rapidement l’important bassin d’emplois évalué à 440 000 emplois directs et indirects, dont au moins 60% sont destinés aux femmes.
A l’évidence, le gouvernement ne manque d’arguments dans ses efforts pour améliorer les conditions de vie des populations. Entre 2011 et 2016, 2 021 168 emplois ont été créés. La croissance de l’économie reste bonne, autour de 7%. Les voyants sont au vert, comme le confirment régulièrement les institutions de Bretton Woods. Avec un indice de sécurité de 1.1, comparable à celui des grandes capitales européennes, le pays qui escompte son émergence économique à l’horizon 2020 est sur la bonne voie.
Mais quand tout prospère, les revendications sont en inflation.
Le Chef de l’Etat qui en est fort conscient a pris de l’avance en décrétant 2019, année du social. Un programme d’un montant de 727,5 milliards de FCfa, porté par le gouvernement d’Amadou Gon Coulibaly, couvrira les secteurs sociaux prioritaires de la santé, de l’éducation, de l’électricité, de l’eau potable, de l’autonomisation des jeunes et des femmes, des logements sociaux.
La Couverture maladie universelle devrait entrer dans sa phase pratique.
Mais la mise en œuvre de tous ces immenses chantiers et leur multiplication appellent les Ivoiriens à se souvenir de ce qui fait leur Adn. A savoir, l’union, la discipline et le travail.
Benoit HILI
Amadou Gon Coulibaly, Premier ministre ivoirien