Concours Miss : Quand la beauté physique fait "manger"

  • 14/06/2016
  • Source : Lebabi.net
La 20 ème édition du concours de beauté ‘‘Miss Côte d’Ivoire’’ a connu son apothéose samedi 4 juin 2016 au grand plaisir des spectateurs. Ces mêmes Ivoiriens qui dénoncent vigoureusement les dépravations des mœurs et qui n’hésitent pas à se délecter des courbes des jeunes filles à moitié nues.

 Contraste. Des artistes sont toujours taxés à tort ou à raison de véhiculer des messages insidieux dans leurs chansons. Dans le top 10 des artistes réputés pour l’indécence des leurs textes, Arafat Dj semble occuper la première place.
 
 L’on a encore souvenance du concert de l’artiste camerounais Francko, auteur du tube à succès ‘‘collez la petite’’ qui a failli être interdit en Côte d’Ivoire par des associations de femmes. 
 
Toutefois ces mêmes mères sont fières de voir des jeunes filles à moitié nues se déhancher sur un podium face à toute une nation. Idem pour les pères qui prennent leurs pieds en se rinçant les yeux. 
 
Quelles valeurs faut-il en retenir ? Certainement la recherche de l’excellence à en croire le slogan du concours cher à Victor Yapobi, l’indéboulonnable organisateur. Peu convaincant. Les valeurs inhérentes à l’éducation de la femme africaine ne saurait se réduire à la beauté physique.
 
 Célébrer une jeune fille, la combler de biens (une dizaine de millions de Fcfa et un véhicule de marque) uniquement pour sa relative beauté au détriment de ses compétences intellectuelles ne participe qu’à favoriser la facilité. Dans cette course effrénée au titre de plus belle fille de Côte d’Ivoire selon Victor Yapobi, certaines jeunes filles sont ouvertes aux propositions les plus indécentes. 
 
Lorsque la beauté physique prime sur le savoir-faire et propulse une jeune fille au rang d’ambassadrice, il est tout à fait normal que le citoyen lambda dise que ‘‘relation est mieux que diplôme’’. 
 
Les sex-tapes désormais dévoilés au grand jour dans la presse ne sont rien d’autre que la résultante de cette exhortation aux raccourcis en lieu et place de l’effort. Il n’est point étonnant de voir des jeunes collégiens ranger le stylo et se transformer en cybercriminels.
 
Des normes esthétiques définies par l’occident
 
Les concours de beauté ne sont point une émanation occidentale. L’existence du concours Ahoulaba qui prône la femme africaine, la mère, sous toutes ses coutures, en est une parfaite illustration. Hélas, le choc culturel n’a pas eu lieu.
 
 Certains pays africains tels que la Côte d’Ivoire ont tout simplement relégué leurs valeurs au second plan au profit des normes esthétiques définies par l’occident. Si bien que les femmes aux formes généreuses et aux fortes poitrines se sentent désormais complexées. 
 
Il a fallu l’ingéniosité de certains artistes tels que Meiway et son célèbre titre ‘‘Lolo’’ ou encore des organisateurs de spectacles ‘‘rondement belle’’ pour redonner du sourire à ces dames. 
 
Le concours de la beauté africaine ‘‘Ahoulaba’’ ne jouit point de ces mêmes privilèges. Car phagocyté par Miss CI qui bénéficie du soutien indéfectible des gros sponsors ainsi que du pouvoir d’Etat. Les premières Dames, marraines d’office, en ont fait leur chasse gardée.
 
Pendant ce temps
 
Tandis que des jeunes filles jouissent, sans coup férir, de tous ces privilèges, certains Ivoiriens, les projets sous les bras n’attendent qu’un financement. D’autres, les poches pleines de diplômes, sont en quête de leur premier emploi. 
 
Que dire de la cherté de la vie ? C’est la croix et la bannière pour certaines familles dont la famille Boundy dépossédée de sa maison et jetée à la rue par le riche opérateur économique Turc, Ali Fawaz.
 
 Une affaire dont le chef de l’Etat est particulièrement imprégné. Mais observe la loi de l’omerta. Ni les gros sponsors, ni les premières Dames aux cœurs d’or ne réagissent aux cris de détresse de cette famille contrainte de dormir à la belle étoile. 
 
Les petites filles Boundy n’ont certainement pas eu la chance d’être des Miss Côte d’Ivoire pour être couvertes de millions, de voitures et fièrement arborer le statut d’ambassadrice de la beauté ivoirienne à travers le monde.
 
Cyrille NAHIN