Déclaration de Jeunesses Sans Frontières relative à la condition de la jeunesse ivoirienne
Tandis que les rideaux se referment sur les 4ième Assises de la jeunesse auxquelles nous, Jeunesses Sans Frontières, avons pris une part active aux côtés des autres organisations de jeunesse, les jeunes dans leur majorité écrasante se retrouvent face à leurs préoccupantes réalités qui n’ont pas bougé d’un iota.
Si nous sommes conscients qu’il n’existe pas en la matière de solution miracle, nous sommes aussi convaincus que la condition de la jeunesse mérite que les uns et les autres prennent davantage de hauteur pour les appréhender et les solutionner.
Concernant la problématique de l’emploi
Le manque d’emploi demeure cette grosse plaie qui handicape sérieusement la jeunesse, et la fait douter davantage de l’avenir. Et au-delà des discours d’autosatisfaction des autorités, soutenus par des statistiques et des chiffres peu crédibles, la réalité ne s’est guère améliorée.
A-t-on créé un million d’emplois dans ce pays depuis l’accession au pouvoir du président Alassane OUATTARA ? Bien sûr que NON ! La politique du chiffre pour du chiffre est dangereuse, et minable lorsqu’il s’agit d’une question aussi cruciale que l’emploi.
Des emplois vrais, décents et durables devraient être le cheval de bataille du gouvernement, et non se cacher derrière des stages, des contrats à durée déterminée (CDD), et des recrutements ponctuels. Quoi que ces derniers ne soient pas à rejeter du revers de la main, ils entretiennent la précarité de l’emploi et ne devraient surtout pas être brandit de façon éhontée comme réponse au fléau du chomage. Que faire donc ?
La solution pour l’emploi réside dans les reformes structurelles et institutionnelles pour soutenir la création d’entreprises et de richesses. En occurrence, il s’agit de :
- Centraliser les ressources de promotion de l’emploi au sein d’un guichet unique, décentralisé sur toute l’étendue nationale ;
- Encourager l’action de créateurs d’entreprises, surtout les jeunes entrepreneurs nationaux par l’instauration de mesures fiscales incitatives ;
- Inciter les institutions financières à accompagner les porteurs de projets ;
- Favoriser le recrutement de jeunes diplômés par les entreprises en proposant à celle-ci des mécanismes d’allègement de taxe ;
- Solutionner la gangrène de l’inadéquation formation-emploi ;
Concernant l’éducation et la formation
Les systèmes éducatif et de formation, au cœur des projets de société de tous nos dirigeants restent encore en proie à de graves difficultés. Pourtant l’éducation et la formation sont primordiales pour l’émergence d’une jeunesse capable de faire face aux défis de l’avenir.
C’est juste titre que cela relève des devoirs régaliens de l’Etat, qui se doit d’offrir à ses filles et fils des formations de qualité, donc dans les cadres appropriés. Or à tous les niveaux de nos systèmes éducatif et de formation se pose le persistant problème d’infrastructures.
Même les milliards engloutis dans la rénovation pendant deux longues années de nos universités n’ont pas suffi pour offrir des cadres de vie et de travail appropriés aux apprenants.
Et comme leurs mensonges finissent toujours par rattraper les menteurs, le problème d’infrastructures engendre à présent même des tensions sur les cités du savoir. Des abonnés aux fuites en avant s’acharnent à incriminer une certaine frange d’étudiants, la réalité est que ceux-ci sont et demeurent dans leurs droits les plus légitimes. Poussez à bout vos populations et elles vont la ramènerons, tôt ou tard, en pleine face.
Concernant la représentativité de la jeunesse
Au-delà des grands et beaux discours, la représentativité de la jeunesse dans les instances de consultation et de prise de décision n’a guère évoluée. Bien au contraire, tout porte à démontrer une flagrante régression.
Ceux qui chantent sur tous les toits que la jeunesse a été hier l’objet d’instrumentalisation, semblent ne point se résoudre à rompre le cordon ombilical pour consacrer à cette jeunesse son autonomie totale. Jeunes, nous sommes certes, mais point stupides.
Comment comprendre que malgré les promesses et les agitations du ministère de la jeunesse, le Conseil National de la Jeunesse n’ai toujours pas vu le jour ? Cela a tout d’un sabotage en haut lieu, un manque de volonté politique, des dirigeants trop fébriles pour accepter l’existence d’une jeunesse nouvelle, portant un regard objectif et menant des actions décisives. Nième démonstration du leadership moribond qui continue hélas de nous tenir, sans perspectives viables.
Cela dit, la condition de la jeunesse ne peut être imputable aux seules autorités. Celles-ci ne pourront jamais pas tout faire. Tous, y compris elle-même la jeunesse, se doivent de s’activer pour trouver des solutions innovantes. Cela y va de la prise de conscience et de responsabilité de la jeunesse, qui ne doit plus abandonner son sort à autrui, mais être aux avant-postes de l’amélioration de leurs conditions.
Les jeunes doivent avoir confiance en eux, fédérer davantage leurs énergies par-dessus les différences légitimes et se projeter de façon solidaire sur les chantiers de l’avenir. Telle demeure la motivation et le leitmotiv de la confédération Jeunesses Sans Frontières.
Fait à Abidjan, le 28 mars 2015
Pour Jeunesses Sans Frontières
Par le Présidium
Le Président
DIAKITE Tawakkal
Photo à titre d'illustration