A l‘heure de la pandémie de Coronavirus, l’environnement n’a jamais été aussi hostile aux personnes souffrant de toux dans les lieux publics. La psychose est encore plus grande dans les espaces clos, où il est impossible de respecter la distance de sécurité conseillée d'un mètre.
C’est le cas des transports publics, dans lesquels les passagers de bus, gbaka ou taxis communaux, sont en alerte maximale les uns par rapport aux autres. Toussez dans un transport public par ces temps qui courent, et vous aurez braqué sur vous, autant de paires d’yeux qu’il y a de passagers. La suspicion est à son paroxysme. Que vous ayez une toux passagère, permanente, sèche ou grasse, peu importe, vous serez confrontés à des regards accusateurs, voire réprobateurs.
Cache-nez associé à la toux, sauve qui peut !
«Tousser est un fait. Mais avoir un cache-nez et tousser à la fois, c’est toute autre chose», confie Issouf Silué.
A en croire cet apprenti de minicar de transport communément appelé gbaka, qui officie sur la ligne Adjamé-Abobo, cette configuration est la pire de toutes. Car, poursuit-il, les passagers estiment qu’il y a de grandes chances d’être en présence d’une personne infectée.
«D’ailleurs, quand la toux persiste, le gbaka se vide rapidement de ses occupants. Et rien ne garantit que chacun soit descendu à l'arrêt escompté», explique-t-il au bord du rire.
De l’avis de Hyacinthe Coulibaly, usager de transport public, c'est une crainte parfaitement justifiée. «Le cache-nez a deux fonctions. Éviter d’être contaminé ou empêcher de contaminer. Avoir un cache-nez et tousser intensément n’a rien de rassurant, surtout par ces temps qui courent», indique-t-il.
Quoi qu’il en soit, avec la survenue de la pandémie, le cache-nez est devenu un accessoire incontournable. Dans les rues comme dans les véhicules qui les transportent à Abidjan et à l’intérieur du pays, de nombreux ivoiriens ont, en effet, adopté le port de cache-nez. Et si vous avez manqué de vous en procurer, les vendeurs vous en proposeront dans les différentes gares ou aux feux tricolores. Le commerce de cache-nez ayant subitement explosé. Tout comme celui de gel désinfectant. Dans un gbaka de Yopougon à Adjamé ce jeudi matin, deux jeunes passagères coiffées de cache-nez, s’appliquent justement du gel sur les mains alors qu’elles viennent de s’acquitter de leur titre de transport.
Pour elles, il ne s’agit nullement de paranoïa ou d’exagération «l’heure est grave, il faut se nettoyer les mains autant que possible au cours de la journée, surtout quand on manipule de l’argent». Elles proposent d’ailleurs que le gel désinfectant soit imposé dans les transports en commun. Une idée qui, à l’analyse, ne manque pas de bon sens.
DRAMOUS YETI
Corona-psychose dans les transports publics : On lorgne les tousseurs ! - Photo à titre d'illustration