Le Président de la République, Alassane Ouattara, dans son adresse à la nation, fin décembre 2012, avait déclaré: « La bonne gouvernance doit guider toutes nos décisions. C'est le lieu de réitérer la nécessité de combattre la corruption dont les racines sont hélas anciennes dans notre société.
Je puis vous assurer à nouveau que le Gouvernement est déterminé à tout mettre en œuvre pour endiguer ce phénomène ». Ces propos avaient été tenus après que dans le second semestre de l’année 2011, le Gouvernement ivoirien ait été doté d'une charte d'éthique et de déontologie qui oblige les officiels de haut rang et les représentants d’institutions à déclarer leurs intérêts et patrimoines.
La Côte d’Ivoire venait également de ratifier en octobre 2012, la Convention des Nations unies contre la corruption (Cnucc). Dans la même année, la Convention de l'Union africaine sur la prévention de la corruption a également été ratifiée. Ce n'est pas tout. La Côte d'Ivoire a aussi mis sur les fonts baptismaux, des organes tels que l'Inspection générale d'État (Ige) et le Secrétariat national à la gouvernance et au renforcement des capacités (Sngrc). Des séminaires ont été organisés. Des affiches grand format ont été placardées sur des panneaux géants aux abords des grands axes. Des spots radio et télé ont été diffusés.
En outre, le 20 novembre 2013, le Secrétariat national chargé de la lutte contre la corruption (Snlcc) et la Haute autorité pour la bonne gouvernance ont vu le jour. Tous ces efforts n'ont pas évité à la Côte d'Ivoire de tomber dans les profondeurs abyssales du classement de la Fondation Mo Ibrahim sur la gouvernance africaine
en 2013. En effet, le pays de Feu Houphouët Boigny occupe le 44ème rang sur 52.
Dans l'espace de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao), l'administration est classée 15ème sur 16 pays concernés. L'Ong Transparency international, selon son Indice de perception de la corruption 2013, classe la Côte d'Ivoire au 136ème rang sur 177 pays classés dans le monde. Dans l' Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa), la Côte d'Ivoire occupe la 8ème place sur 8 paysclassés.
Toutes ces données qui n'honorent pas le pays ont amené le Président de la République à annoncer, dans son message à la nation du 31 décembre 2013, que la nouvelle année verra l'intensification de la lutte contre la corruption et le racket. Le Président de la République sait que si la lutte n'est pas des plus âpres, la Côte d'Ivoire risque de ne pas bénéficier d'opportunités comme le Millenium challenge corporation (Mcc). Il s'agit d' un fonds des Etats-unis dont la lutte contre la corruption est l'un des critères d'admissibilité et après lequel court le pays.
Le Président de la République veut multiplier les moyens de lutte parce qu'il sait qu'un pays comme le Bénin a perdu, cette année, le bénéfice du Mcc ; son conseil d'administration ayant jugé non satisfaisantes la lutte contre la corruption et la gouvernance de ce pays. Puis, il sait plus que quiconque qu'un pays où se pratiquent la
corruption dans tous les services de l'administration, le racket à grande échelle et où celui qui devrait avoir tort, au regard de la loi a raison, est loin d'être le miel qui attire les investisseurs.
Les bailleurs de fonds, en général, refusent de signer des accords avec des pays de mal gouvernance. Il faut noter que le MCC se fonde sur le principe que l’assistance est d’autant plus efficace quand sont renforcées la bonne gouvernance, la liberté économique et les investissements favorisant la croissance économique, et l’élimination de l’extrême pauvreté.
Dominique FADEGNON
Corruption et racket : Les dessous dudiscours deOuattara - Photo à titre d'illustration