Le gouvernement ivoirien a nié mercredi violer la liberté d'expression, comme l'en accuse Amnesty International. L'organisation cite notamment le cas du député Alain Lobognon, condamné mardi à un an de prison pour un tweet.
L’arrestation puis la condamnation d’Alain Lobognon n’en finissent pas de faire réagir. « Les droits de l’homme et la liberté d’expression sont une réalité en Côte d’Ivoire », a ainsi défendu le porte-parole du gouvernement et ministre de la Communication, Sidi Touré, à l’issue du conseil du ministres mercredi 30 janvier.
Cette déclaration fait suite au communiqué accusateur publié lundi par Amnesty International. L’organisation de défense des droits humains a en effet exhorté les autorités ivoiriennes à « abandonner les poursuites judiciaires contre des activistes et opposants et immédiatement libérer les personnes arbitrairement arrêtées pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression ».
Deux activistes également cités
Amnesty a cité les cas du député Alain Lobognon et de deux activistes aux prises avec la justice. L’ancien ministre et député de Fresco, proche du président l’Assemblée nationale Guillaume Soro, a été condamné mardi à un an de prison ferme et 300 000 FCFA d’amende (plus de 450 euros) pour un tweet dans lequel il accusait le procureur de vouloir faire arrêter le député Jacques Gabriel Ehouo (PDCI). Alain Lobognon a été reconnu coupable de « propagation de fausse nouvelle, incitation à la violence et trouble à l’ordre public ».
Amnesty cite aussi le cas de Soro Tangboho, alias Carton Noir. Selon l’organisation, cet activiste en ligne a « subi des actes de torture infligés par des agents de police et est détenu depuis près de trois mois à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan pour trouble à l’ordre public ». En cause, selon l’organisation : « Avoir filmé (et diffusé) en direct sur Facebook des agents de police qui, selon lui, rackettaient des automobilistes ».
Un autre activiste, Daleba Nahounou, secrétaire général par intérim de la Coalition des indignés de Côte d’Ivoire, a été « inculpé pour diffusion de fausse nouvelle », toujours selon Amnesty.
« Réduire au silence les voix dissidentes »
« Des opinions exprimées librement ne peuvent faire l’objet de poursuites devant les tribunaux simplement parce qu’elles sont critiques, sauf si les autorités entendent en faire un moyen pour réduire au silence les voix dissidentes », a plaidé Kiné Fatim Diop, chargée de campagne pour l’Afrique de l’Ouest à Amnesty International.
L’une des avocates du député Lobognon, Me Affoussiata Bamba Lamine, l’ex-porte-parole adjointe du gouvernement et ancienne porte-parole de la rébellion des Forces nouvelles (FN), a accusé la justice d’être « aux ordres » du pouvoir. « Nous sommes clairement dans un procès politique », a-t-elle déclaré après l’audience mardi. « La séparation des pouvoirs est aussi une réalité », lui a rétorqué Sidi Touré.
Côte d’Ivoire : accusé par Amnesty de violer la liberté d’expression, le gouvernement dément