La rocambolesque affaire de tentative d’empoisonnement du président béninois, Boni Yayi, imputé au richissime homme d’affaires Patrice Talon, empoisonne en ce moment, les rapports diplomatiques entre Alassane Ouattara et son homologue.
Si l’on en croit « Jeune-Afrique » qui rapporte l’information, dans sa publication n° 2747 du 1er au 7 septembre 2013, Boni Yatyi a pris ses distances vis-à-vis du chef de l’Etat ivoirien, Alassane Ouattara, ainsi que de Blaise Compaoré (Burkina-Faso) et d’Abdou Diouf, le président de l’Organisation internationale de la francophonie ( Oif).
L’attitude de Thomas Boni Yayi n’est pas conditionnée par le fait que Blaise Compaoré, Alassane Ouattara ou encore Abdou Diouf ont joué un quelconque rôle dans cette affaire qui sent, à plein nez, un règlement de compte politique entre deux amis, mais plutôt, parce que les chefs d’Etat burkinabé et ivoiriens semblent ne pas accorder de crédit aux allégations d’empoisonnement dont Boni Yayi accuse Patrice Talon. En clair, Alassane Ouattara et Blaise Compaoré n’ont pu asseoir leur conviction, quant à la véracité des faits.
Conduits par l’instinct de prudence, ces deux chefs d’Etat se sont abstenus de prendre position pour l’un ou l’autre protagoniste. Toute chose qui n’est pas sans refroidir leurs relations avec Boni Yayi… Même s’il se dit « au-dessus de tout cela », Thomas Boni Yayi a fini par intégrer le facteur Talon comme un élément parmi d’autres de ses rapports avec ses pairs. Il sait ainsi gré à François Hollande, dont il fut le premier hôte subsaharien à l’Elysée en mai 2012, d’avoir fait procéder au rappel définitif à Paris de l’Ambassadeur de France à Cotonou, Jean-Paul Monchau, auquel il était reproché de bloquer la transmission à la justice française de certaines pièces clé de la procédure pour tentative d’empoisonnement engagée contre l’homme d’affaires.
A l’inverse, c’est parce qu’il les croit, à tort ou à raison, enclins (eux ou leurs entourages) à accorder une oreille complaisante à Patrice Talon que Boni Yayi a tendance à se méfier de Blaise Compaoré, d’Alassane Ouattara et même d’Abou Diouf. Et cela même, s’il est suffisamment maître de lui pour n’en rien laisser paraitre. Ses « grands-frères », le président béninois va les chercher ailleurs. Plus précisément à Brazzaville et à Malabo, où Denis Sassou N’guesso et Téodoro Obiang N’guema ne cachent pas l’affection qu’il a su leur inspirer, écrit « Jeune-Afrique ».
Signalons que le juge d'instruction Angelo Houssou du tribunal de Cotonou avait ordonné un non-lieu pour l’homme d’affaires Patrice Talon et ses présumés complices accusés dans cette sombre affaire de tentative d’empoisonnement du président Thomas Boni Yayi, le 17 mai 2013. Pour sa part, la chambre d’accusation de la cour d’appel de Cotonou avait confirmé, le lundi 1er juillet 2013, l’ordonnance de relaxe émise le 17 mai 2013 par le juge d’instruction Angelo Houssou. Comme pour laisser croire que cette affaire peut être un alibi politique pour faire taire un homme gênant.
La Chambre d’accusation avait donc rendu cet arrêt disant, en clair, que pour Talon et les quatre accusés, les infractions ne sont en rien constituées. La prudence observée, tant à Abidjan qu’à Ouagadougou et au siège de l’Oif, peut bien s’expliquer par les décisions rendues par les juges béninois.
Armand B. DEPEYLA
Côte d’Ivoire : Affaire tentative d’empoisonnement au Bénin - Photo à titre d'illustration