Dans un entretien sans tabou qu'il a accordé à Radio France internationale (RFI), en marge du 32è somment de l'Union Africaine à Addis-Abeba, le Président de la République de Côte d'Ivoire a déroulé son testament politique. Évoquant ainsi sa succession en 2020, la démission du président de l'Assemblée nationale Guillaume Kigbafori Soro, l'acquittement de l'ex-Chef de l'Etat Laurent Gbagbo en procès à la CPI, la situation économique de son pays...
À propos de sa succession, M. Ouattara a indiqué qu'il peut « citer deux, trois, quatre noms, de jeunes de grande qualité…» Cependant dira-t-il, « j'ai quand même mon opinion. Nous avons une très bonne équipe avec des gens compétents. Et c’est pour cela, j’ai toujours insisté sur le transfert du pouvoir à une nouvelle génération. Le moment viendra pour cela. » Et d’ajouter : « Je donnerai ma réponse en 2020. Il y a beaucoup d’hypothèses que vous imaginez, mais il y a une recomposition politique qui se déroule en Côte d’Ivoire. En tant que démocrate, j’estime que c’est une excellente chose. Et je souhaite d’ailleurs qu’il y ait une clarification, que ceux d’entre nous qui sommes des libéraux sociaux, soyons d’un côté et les autres qui sont d’une autre tendance soient de l’autre côté. Et que les Ivoiriens aient un choix très clair de faire les choses en fonction des attentes de nos concitoyens. »
Alassane Ouattara exprime son estime à Guillaume Soro
À Guillaume Soro, il a exprimé son estime et une bonne chance dans sa notre aventure. « J’ai beaucoup d’estime pour Guillaume Soro. C’est un jeune homme que je considère comme un de mes fils. Vous savez, j’en ai beaucoup. Au niveau de mon parti, il a été courageux. Il a fait un travail important. Et il était engagé contre l’ivoirité, c’était la chose, je pense, qui l’a amenée vers moi comme beaucoup de jeunes (…) Et je pense d’ailleurs que cela a été le cas. Tous les maux de la Côte d’Ivoire peuvent être rattachés à cette politique d’ivoirité. Maintenant que ces problèmes sont derrière nous, s’il veut mener une carrière politique conformément à ses convictions politiques (…) il est libre de le faire », a estimé le Président Ouattara.
Poursuivant, il a affirmé à propos de la plateforme qu’entend mettre l’ex-président Henri Konan Bédié, qu’il n’est pas dans l’intérêt de Guillaume Soro d’en faire partie. « Je lui ai dit. Il sait ce que j’en pense et il pense la même chose que moi », a révélé le Chef de l’Etat.
Concernant l’acquittement et la libération conditionnelle de l’ex-président Laurent Gbagbo en procès à la Cour pénale internationale (Cpi), Alassane Ouattara a affirmé n’avoir aucune réaction. Cependant dira-t-il, « Quelqu’un doit bien être responsable de ces 3 000 morts. J’espère que la justice fera la lumière sur cela. C’est ce que les victimes demandent. »
"Un bilan inattaquable"
A propos de la situation économique de la Côte d’Ivoire, le Chef de l’Etat estime que son bilan est inattaquable. S’insurgeant contre le rapport de l’Union européenne en juillet 2018, dénonçant une certaine mauvaise gouvernance l’homme n’est pas allé avec le dos de la cuillère. « Mais ce rapport par un groupe de gens, d’«experts» ne peut pas faire le meilleur rapport que le Fonds monétaire, la Banque mondiale, le gouvernement américain avec le Mcc (Millenium challenge corporation), la Fondation Mo Ibrahim et ainsi de suite. C’était tout simplement du n’importe quoi. Et je l’ai dit à l’Union européenne », a fustigé Alassane Ouattara.
Poursuivant, le Chef de l’Etat ivoirien : « Une chose est certaine, j’ai un bilan qui est inattaquable. Cette année, une croissance moyenne par an de 8%, parmi les quatre pays du monde avec le plus fort de croissance ; un taux d’inflation de 1 à 2% quasiment jamais inégalé, pas seulement en Afrique, mais en Europe ; un déficit budgétaire autour de 3 à 4% ; une dette publique de moins de 40% du Pib. Et je pourrais continuer. Nous avons un bilan qui est remarquable. Et tout à l’heure d’ailleurs, le Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (Maep) l’a confirmé. Nous sommes à 82% aujourd’hui de fourniture d’eau, de fourniture d’électricité, etc. C’est dans tous les secteurs qu’il y a eu des progrès ces 7 dernières années. Donc la Côte d’Ivoire va bien. La Côte d’Ivoire est en sécurité et nous avons reformé l’armée après les problèmes que nous avons vécus en 2017. »
Salif D. CHEICKNA
Côte d'Ivoire : Alassane Ouattara déroule son testament politique