Pour le premier anniversaire de sa réélection, à la fin du mois, Alassane Ouattara veut faire adopter sa nouvelle Constitution. Le temps presse : des législatives sont prévues en décembre. Et tant pis si ses opposants fustigent un agenda serré qui n’invite pas au débat…
Alassane Ouattara est un président pressé. Cette réforme constitutionnelle qu’il a promise à la veille de sa réélection, il y aura tout juste un an le 28 octobre, il la veut entérinée avant la fin du mois. En véritable maître du temps, il impose son tempo : remise d’un avant-projet par un comité d’experts chargé de sa rédaction le 24 septembre ; adoption du texte en Conseil des ministres le 28 et à l’Assemblée nationale le 11 octobre au plus tard, puis par référendum le 30.
Le chef de l’État veut aller vite, lui qui s’était engagé à réformer la Constitution lors de la première année de son mandat et qui sait qu’il a tout intérêt à le faire tant que l’Assemblée nationale lui est clairement acquise – autrement dit, avant les législatives de décembre.
Un nouveau départ pour la Côte d’Ivoire
En cinq semaines, donc, l’affaire doit être bouclée. Et pour défendre son projet, Ouattara a pris la parole, le 5 octobre, devant les députés – devant, aussi, celui qui est désormais son plus solide allié, l’ancien président Henri Konan Bédié. Ce texte, a-t-il insisté, est porteur d’un « idéal » et d’un nouveau « pacte social » ; il garantira « la paix, la stabilité et [permettra de] tourner la page des crises successives qu’a connues la Côte d’Ivoire ». Ce jour-là, personne ne doute qu’il veut faire de cette nouvelle Constitution l’acte le plus marquant de sa présidence – son héritage, en somme.
Tant pis si, aux yeux de l’opposition et de nombreux observateurs, l’agenda semble précipité. Marie-Joëlle Kéï, porte-parole du Groupe de plaidoyer, une plateforme d’une quinzaine d’organisations de la société civile, résume bien la perplexité ambiante : « Le timing est serré. Ça n’aurait pas été un problème s’il y avait eu, dès le départ, une volonté de dialogue. Mais il a fallu batailler à chaque instant pour être reçu et écouté par le comité d’experts, et même pour recevoir le texte. »
Le 17 septembre, à Port-Bouët, Pascal Affi N’Guessan, leader du FPI, lance la campagne pour le non au référendum. © Issouf Sanogo/AFP
L’opposition n’a pas attendu de connaître le contenu du texte pour le rejeter. « C’est triste de vouloir forcer ainsi les portes de l’Histoire, ironise Laurent Akoun, le président délégué du Front populaire ivoirien [FPI], tendance “Gbagbo ou rien” [cette faction du parti qui refuse d’être dirigée par Pascal Affi N’Guessan]. Quand on est sûr de soi, nul besoin de se presser. Mais vu la méthode utilisée, il ne fallait pas s’attendre à grand-chose. » Pascal Affi N’Guessan, le patron de l’autre partie du FPI, en campagne pour le « non » au référendum, parle même d’un « coup d’État constitutionnel ».
De vives contestations
Le gouvernement irait-il un peu trop vite en besogne ? Une chose est sûre : « Cette réforme va permettre de tester sa capacité à tolérer une opposition qui conteste son action dans les médias et dans la rue, avance Jim Wormington, de l’ONG Human Rights Watch, à Abidjan. L’État devrait garantir à toutes les personnes opposées à son projet le droit de faire entendre leur voix et de manifester pacifiquement. »...Lire la suite sur Jeuneafrique.com
Côte d’Ivoire : Alassane Ouattara impatient de faire adopter la réforme constitutionnelle