La brise de mer qui souffle ce 13 avril sur la plage ensoleillée de Grand-Bassam et le calme qui y règne invitent au repos, surtout à 13 heures, cette tranche de la mi-journée dédiée à la pause. Cependant, c’est tout le contraire.
Ce sont plutôt la tristesse, et les souvenirs douloureux, que font échouer le mouvement des vagues sur cette berge qui s’est abreuvée malgré elle du sang d’innocentes personnes. Il y a environ un mois.
La Côte d’Ivoire venait pour la première fois de subir sa première attaque terroriste. Ce n’était pas Kandahar, ni Peshawar, ni Bamako encore moins Ouagadougou, c’était la banlieue Abidjanaise qui venait d’être frappée en plein cœur.
Aïcha, vendeuse de paréos, maillots de bain, et autres accessoires de plage est installée à l’entrée de l’hôtel Etoile du Sud, l’un des lieux ciblé par les assaillants.
Présente le jour du drame elle se souvient: « Ce jour là j’étais ici. Jai entendu un ou deux coups de feu et j’ai dit aux jeunes que ce n’était pas des pétards. Les tirs ont repris, et nous sommes allés nous cacher », relate-t-elle d’une voix emprunt d’émotion.
Jadis prises d’assaut les week-ends, les plages ne sont plus que l’ombre d’elles mêmes. Très peu sont les personnes qui osent s’y aventurer, comme constate Aïcha qui avant l’attaque écoulait facilement sa marchandise à l’instar des autres commerçants de la plage.
« Avant les gens venaient nombreux, ils venaient en convoi. Pendant la fête de pâques, surtout il y avait beaucoup de monde qui venait de partout et mes marchandises marchaient bien, maintenant comme il n’y a pas trop de clients, on ne se fait plus beaucoup d’argent », regrette-elle, avant d’inviter la population à braver la peur et à revenir massivement sur les lieux.
« Nous sommes revenus vendre parce qu’on se sent en sécurité. Il y a beaucoup de policiers et nous n’avons pas peur. Je demande aux gens de ne pas avoir peur, les Jihadistes ne vont plus venir ici », indique-t-elle d’un ton sûr.
Salomon lui aussi a bravé la peur et a repris ses activités après le drame. Il a du mal à écouler ses colliers de perle colorée qu’il confectionne. Les affaires ne sont certes pas au beau fixe, cependant la présence des Forces de l’ordre qui patrouillent régulièrement le rassure.
« Les activités ont ralenti parce que les gens n’arrivent plus comme avant. On a un peu peur d’être assis à l’entrée de l’Etoile du Sud, mais la présence des policiers rassure. Ils viennent chaque jour, ils font la ronde», dit-il.
Vêtue d’un pagne noué à la taille et d’un t-shirt bleu, et portant sur la tête une cuvette contenant des bouteilles d’arachides et de cacahuètes, Amy reviens sur les lieux, un mois après. Contrairement aux autres, cette adolescente a repris la vente sous la contrainte, idem pour sa cousine qui l’accompagne.
« J’ai peur de venir vendre, mais ma maman dit de venir vendre, je lui ai dit non mais elle m’a forcée », explique-t-elle.
Les commerçants réalisaient de bonnes affaires grâce à la présence massive des expatriés et touristes sur les plages, malheureusement parmi ces derniers nombreux sont ceux qui ont perdu la vie. Ce qui certainement a créé la peur chez ceux qui sont encore vivants.
Tonia était en plein préparatif de ses vacances, quand l’attaque terroriste au cours de laquelle 19 personnes ont perdu la vie a eu lieu. Elle avait fait même une réservation à l’Hôtel Etoile du Sud où elle devait séjourner. Toutefois Elle n’a pas renoncé à son projet et est venue à Abidjan une semaine plus tard.
« Je visite Bassam, parce que j’y étais avant et j’ai plein d’amis en Côte d’ivoire. Et je ne peux pas les abandonner », confie-t-elle souhaitant que la plage soit fréquentée à nouveau.
« Ce que je ne peux pas faire, c’est de nager dans la piscine à côté parce qu’il y a eu beaucoup de morts et pour leur rendre hommage, je ne peux pas y aller. Mais pour la plage c’est très important qu’on continue d’y venir, il ne faut pas avoir peur, il y a la sécurité maintenant, les terroristes ne vont plus revenir », déclare cette touriste qui estime qu’ « en Côte d’Ivoire il y a plus de chance de mourir à l’hôpital ou dans un accident que dans un attaque terroriste ».
MA
Côte d’Ivoire : Après l’attaque de Bassam, la peur, un défi à relever