En Côte d'ivoire, près de 60 000 ressortissants sont toujours en exil. Selon le Haut-Commissariat aux réfugiés, après les crises politico-militaires de 2002 à 2011, environ 300 000 ivoiriens s'étaient enfuis. Si la majorité est aujourd'hui rentrée, certains redoutent encore de franchir la frontière. Ben Rassoul, ancien directeur de cabinet du chef des commandos invisibles, le seigneur de guerre IB, a choisi de revenir dans son pays d'origine, il y a quelques jours. RFI est allée à sa rencontre.
Le soir du 27 avril 2011, l'ex-putschiste Ibrahim Coulibaly est tué par les forces du président ivoirien Alassane Ouattara. Sa garde rapprochée est déstabilisée. Parmi elle, son chef de cabinet Ben Rassoul Timité. « Le ciel était encore très nuageux parce que les rumeurs couraient de partout, se souvient-il. Il y avait des accusations, suivies d’arrestations, d’emprisonnement et même de morts. J’avais peur pour ma sécurité. Peur des représailles. Peur même d’être tué »
« Pardonner, mais pas oublier »
Il fuit alors au Ghana pendant 6 ans. Les appels du pied du gouvernement, les garanties qu'aucune arrestation ou poursuite judiciaire n'auront lieu, ont poussé l'ancien militaire à se réinstaller.
« Personnellement, je ne me reproche rien, mais en pareille situation, il faut être très prudent. Quand il y a une situation déplorable, on peut faire table rase. Pardonner dans une certaine mesure, mais cela ne veut pas dire oublier. »
Aujourd'hui, Ben Rassoul souhaite une réintégration dans la société. « Qui voudrait être oublié après tant d’années de combat, après avoir sacrifié pratiquement sa jeunesse, ses études ? Quand les efforts sont faits pour certains, les mêmes efforts doivent être faits pour les autres, de telle sorte que les enfants de ce pays soient égaux »
D'autres proches du sergent IB sont toujours en exil. Le HCR estime qu'entre 6 000 et 10 000 exilés de la crise ne rentreront jamais en Côte d'Ivoire.
«IB», l'ancien chef de Ben Rassoul, à Abidjan avec sa garde rapprochée dans le quartier d'Abobo le 19 avril 2011. © REUTERS/Finbarr O'Reilly