Une scission nette est apparue entre les responsables du Front populaire ivoirien (FPI, de Laurent Gbagbo) au lendemain d'un remaniement du secrétariat général du parti par le président Pascal Affi N'guessan.
Lors d'une conférence de presse mardi à Abidjan, le secrétaire général et porte-parole sortant du parti, Laurent Akoun, a déclaré "de nul et de nul effet" la dernière décision de M. Affi N'Guessan, remaniant le secrétariat général.
Il a ajouté que le Comité de contrôle du parti a été saisi aux fins d'invalider cette décision "illégale".
"Il pèse une lourde suspicion légitime sur son initiateur ( Pascal Affi N'guessan) quant à sa volonté de contourner et violer délibérément les textes du parti, de s'arroger les prérogatives du Congrès, de la Convention et du Comité central", a déclaré Laurent Akoun, qui était accompagné d'Alphonse Douaty et Tapé Kipré, deux hauts responsables du parti.
Le 4 juillet, le président du FPI, Pascal Affi N'guessan, a procédé à un réaménagement du secrétariat général du parti avec, notamment, le remplacement de Laurent Akoun par Mme Agnès Monnet.
M. Akoun et ses pairs dénoncent des "incohérences dans le fond et dans la forme" relativement au nouveau format du secrétariat général.
"Sur la forme, le document ne présente aucun logo du parti, aucun cachet et n'est pas complet car le poste de secrétaire chargé de coordonner la libération de M. Gbagbo n'est pas attribué ", a expliqué Laurent Akoun qui assure que le secrétariat exécutif n'était pas informé et n'a pas validé les propositions de nomination.
"C'est une attitude grave qui relève du mépris des textes et des personnes avec qui il (Pascal Affi N'guessan) travaille, cela met en cause l'unité au sein du parti", a-t-il dit dénonçant une démarche "choquante" qui relève de "l'amateurisme politique".
Sur le fond, Laurent Akoun a relevé la "révocation sans motifs" de "huit grands militants", la rétrogradation de 12 autres et la nomination de 42 "nouvelles personnes qui n'ont pas de passé de militant au sein du parti".
"Plusieurs cadres du parti et non des moindres montrent des signes d'agacement et refusent de siéger dans ce nouveau format du secrétariat général, une pétition a même été signée qui montre l'ampleur du désastre que court le parti", a encore dit le conférencier.
En outre, pour Akoun, ne pas nommer un secrétaire chargé de lutter pour la libération de Laurent Gbagbo "est incompréhensible et une insulte aux cadres du FPI".
Laurent Akoun et ses partisans en déduisent que le président du FPI, Pascal Affi N'guessan, a écarté tous ceux qui réclament la libération de Laurent Gbagbo, dans l'attente d'un procès devant la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes contre l'humanité commis lors de la crise post-électorale de 2010-2011.
Le groupe de M. Akoun soupçonne Affi N'guessan de vouloir " rentrer dans le jeu politique" et de prendre part à l'élection présidentielle de 2015.
"Gbagbo n'est pas tombé et l'on ne peut enjamber son corps", clame-t-il.
"Nous saisissons cette occasion pour inviter les organes dirigeants du parti, les structures de base, les représentations à l'extérieur, les structures spécialisées et l'ensemble des militantes et militants du FPI, à cultiver la confiance dans leur outil de lutte et à se tenir toujours mobilisés pour gagner la bataille de la libération du président Laurent Gbagbo et pour les libertés démocratiques", ont-ils conclu.
"Nous ne nous passerons jamais de Laurent Gbagbo, nous ne tournerons pas sa page, nous n'abandonnerons pas sa ligne, Laurent Gbagbo demeure l'âme du Front populaire ivoirien", martèlent Laurent Akoun et ses pairs.
Photo à titre d'illustration / De g à d : Laurent Akoun, Affi N'guessan et Aboudramane Sangaré